L’énergie en Chine : du début de notre ère à l’instauration du communisme

La longue histoire de l’énergie de la Chine pré-communiste aide à comprendre les problèmes qu’elle a rencontrés au cours des présidences de Mao Zedong, Deng Xiaoping, Xi Jinping. S’agissant du pays qui est en train de laisser l’empreinte la plus forte sur les évolutions mondiales de la consommation d’énergie, du mixe énergétique, donc des émissions de carbone et de leurs conséquences sur le climat, cette compréhension est indispensable.


En 1950, la Chine ne figure même pas dans la longue liste des pays que couvre l’annuaire statistique mondial de Joel Darmstadter[1]. En 2016, avec 23% de l’énergie consommée dans le monde, devant les 17% des États-Unis, elle occupe la première place. Ce saut, sans précédent dans l’histoire, résulte d’une industrialisation fulgurante qu’a portée le Parti communiste chinois (PCC). Mais tout ne commence pas en 1950. Bien avant le début de notre ère, la Chine exploitait déjà ses ressources énergétiques. Les succès et les échecs qui ont ponctué les deux millénaires suivants ont laissé leurs marques sur l’histoire énergétique récente. Il n’est donc pas inutile de les connaître[2].

 

1. Les trois étapes de la croissance démographique et économique sur longue période

Tenter de reconstituer l’évolution énergétique de la Chine depuis le début de notre ère est une entreprise très hasardeuse mais indispensable puisqu’elle a concerné entre un quart et un tiers de la population et de l’économie mondiale, si l’on en croit  les estimations démographiques et économiques d’Angus Maddison[3] (tableau 1).

 

Tableau 1 : Évolution de la population et de l’activité économique

 

Années
Population Chine (millions d’habitants)
Autres estimations
% population mondiale
PIB Chine (milliards $ 90)
% PIB mondial
0
  59,6
  61,8
25,8
26,8
26,2
1000
  59,0
22,0
26,6
22,7
1200
106,0
1400
  72,0
1500
103,0
103,0
23,5
61,8
25,0
1600
160,0
160,0
29,0
96,0
29,2
1700
138,0
22,9
82,8
22,3
1750
260,0
1820
381,0
36,6
228,6
32,9
1850
400,0
1870
358,0
28,2
189,7
17,2
1913
437,1
24,4
241,3
  8,9
1950
546,8
21,7
239,9
  4,5
Source. Maddison Angus (2001). L’économie mondiale, op.cit, pp. 258 et 280. Pour « autres estimations » : Debeir Jean-Claude, Deléage Jean-Paul, Hémery Daniel (1986). Les servitudes de la puissance, op. cit, p 83.

L’évolution sur deux millénaires du produit intérieur brut (PIB) en dollars constants de 1999 laisse évidemment sceptique mais attire l’attention sur deux aspects de l’économie chinoise dans l’économie mondiale : la place prépondérant qu’elle a vraisemblablement occupée jusqu’au début du 19ème siècle suivie d’un effondrement faisant chuter le PIB chinois à moins de 5% de celui du monde à la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

De par leur relative concordance, étayée par l’existence de textes depuis des époques très anciennes, les estimations démographiques offrent des points de repère plus solides. Trois grandes périodes caractérisent l’évolution de la population chinoise :

– entre les débuts de notre ère et la fin du 14ème siècle, elle fluctue, mais ne semble pas s’éloigner durablement  des 60-70 millions d’habitants, soit un volume très réduit par rapport à ce qu’il sera plus tard, mais représentant déjà le quart de la population mondiale ;

– s’amorce ensuite une croissance soutenue se traduisant  par un quasi-quintuplement entre les débuts du 15ème et du 19ème siècle, soit une population chinoise proche de 40% de la population mondiale au moment où l’Europe occidentale puis l’Amérique du Nord s’industrialisent ;

– le rythme de croissance s’effondre ensuite autour de 0,3% par an, d’où un déclin au voisinage de 20% de la population mondiale en 1950.

Au cours de chacune de ces trois périodes, de longueur très inégale, des rapports se sont noués entre les évolutions de la population, de l’activité économique et de l’approvisionnement énergétique. Quels ont-ils été ? Comment et pourquoi ont-ils changé ?

 

2. Du néolithique à l’essor agricole et industriel à partir du 15ème siècle

L’énergie mécanique disponible au cours de cette très longue période est essentiellement endosomatique ou biologique, en ce sens qu’elle provient de la force musculaire des hommes, tant pour se procurer les ressources végétales, animales ou minérales indispensables à leur alimentation ou à leur habitat que pour assurer leur mobilité. Son volume et ses qualités dépendent donc des caractéristiques de l’environnement naturel (climat, fertilité des sols, ressources en eau) et des aptitudes humaines à en tirer parti. Au fil du temps, cette énergie endosomatique  sera complétée par des sources  exosomatiques (portage et traction animale, force des eaux et des vents, entre autres). Parallèlement, les besoins en chaleur seront satisfaits par la combustion de biomasse puis de charbon minéral (Lire :  La consommation mondiale d’énergie avant l’ère industrielle).

2.1. Les sources d’énergie mécanique

 

Fig. 1 : Travail paysan, principale source d'énergie mécanique. Source : fr.gblimes.com

 

En Chine, « aussi loin que l’on remonte dans la protohistoire, le modèle énergétique frappe par sa productivité alimentaire » qu’explique la culture intensive des céréales au nord, du riz au centre et au sud[4]. La principale source d’énergie mécanique réside donc dans le travail des hommes, plus précisément des paysans, puisque la Chine n’a pas eu recours massivement à l’esclavage très répandu dans tous les pays à l’est de la Méditerranée (Figure 1).

Dans l’environnement semi-aride et steppique de la Chine du nord, avec les civilisations de Yangshao et de Dawenkou, 5 000 à 3 000 ans avant notre ère, se développent les cultures des millets, des sorghos, de l’orge et peut-être aussi de riz indigène auxquelles s’ajoutera celle du blé, probablement venu de l’Ouest, dès l’époque Shang entre les 16ème  et 11ème siècle avant notre ère. Toutes ces cultures bénéficient, au cours des siècles suivants, des progrès de l’hydraulique, d’un outillage de labour et de sarclage efficace et de l’emploi d’engrais organiques. En résulte une élévation significative des rendements céréaliers qui contribuent à la croissance démographique. Au même moment, dans la Chine du sud, encore peu peuplée, la culture itinérante sur brulis qui domine, est progressivement complétée par celle de rizières inondées naturellement, sans repiquage.
 

Fig. 2 : La roue du moulin hydraulique.

 

De façon d’abord marginale puis de plus en plus significative avec l’organisation de la société, notamment sous les dynasties qui se succèdent depuis les Xia jusqu’aux Han à la veille de notre ère, de nouvelles sources d’énergie renforcent la seule force musculaire des hommes. La première est sans doute la traction animale (bœufs, ânes, mules, buffles, chameaux, chevaux) dont l’efficacité est considérablement accrue par l’invention du harnais de poitrail très répandu dans l’empire Han, puis par celle du harnais d’épaule à partir du 3ème siècle de notre ère. Parallèlement, les roues hydrauliques servent à pomper l’eau, à actionner les marteaux et les scies, à faire tourner les meules. « Dès une époque très ancienne, on sait, en Chine, convertir un mouvement rotatif en mouvement longitudinal pour animer des machines de grande puissance. La combinaison de la bielle motrice et de la tige de piston…est mise au point sous les Song, voire sous les Tang ». Suivra la conversion de la force des vents en énergie mécanique par la voilure des jonques, puis par « les moulins à tambour équipés de mâts gréés de voiles nattées« [5]. Toutes ces innovations expriment un génie technicien sans équivalent dans le reste du monde à la même époque (Figures 2 et 3).
 

Fig. 3 : La roue pour le transport. Source : cinepiais.over-blog.com
 

2.2. Les sources d’énergie thermique dont la percée du charbon minéral

Tant pour la cuisson des aliments dans tout le pays que pour le chauffage des locaux d’habitation dans les régions septentrionales, les Chinois brûlent bois, paille, herbes et déchets organiques sous forme notamment de déjections animales séchées. Le volume de ces combustibles croît avec le nombre d’habitants dans les diverses régions mais aussi avec les nouveaux besoins d’énergie thermique liés au développement de la poterie, puis de la céramique et de la métallurgie. Comme en Europe occidentale, un millénaire plus tard, c’est l’expansion de cette dernière activité qui va contraindre à substituer le charbon minéral à la biomasse comme source d’énergie thermique.

 

Fig. 4 : Céramiques chinoises. Source : chathe.fr

 

Le faible couvert forestier de la plaine du lœss, « la bonne terre » à céréales du paysan chinois[6],  a contraint le Nord du pays à utiliser, le premier,  le charbon minéral, concurremment avec le charbon de bois,  pour fondre le bronze qui s’était répandu en Chine du Nord vers la fin du troisième millénaire avant notre ère et  qui « devait naturellement succéder aux techniques nécessitant la maîtrise du feu et du marteau développées par les potiers des cultures Yangshao et Longsham »[7]. Cette métallurgie sur laquelle on ne dispose pas d’informations très précises[8], semble être née en Chine plus tardivement qu’en Asie mineure où la fabrication de l’or et du cuivre était maîtrisée à l’aube du troisième millénaire avant notre ère. En revanche, les artisans chinois n’ont « utilisé le cuivre seul à aucun moment », passant directement, vers 1500 avant notre ère, à la métallurgie du bronze, plus intéressante par le point de fusion de cet alliage inférieur à celui de ses composants, le cuivre et l’étain[9]. Ils ont, en outre, porté à un très haut niveau l’art de la céramique (Figure 4).

Mais c’est avec le fer, la fonte et l’acier que la chine va se singulariser et prendre une avance considérable sur le reste du monde. La technique initiale, dite de réduction directe, a été celle du bas fourneau dans lequel minerai de fer et charbon de bois, portés à une température de 800 à 1 000°C, se transforment en une sorte de loupe spongieuse. Après expulsion des scories par martelage, le fer doux, ou fer à forger, peut être transformé en armes ou en outils. Mais assez vite, la sidérurgie chinoise va prendre quelques longueurs d’avance sur les autres pays par son passage du fer à la fonte puis à l’acier[10]. Alors qu’elle ne sera produite qu’à partir du 14ème siècle de notre ère dans les Flandres et dans la région du Rhin, la première l’a été beaucoup plus tôt en Chine, grâce à la maîtrise de creusets, puis de petits hauts fourneaux, dans lesquels pouvaient être obtenues des températures de 1 200-1 300°C.

 

Fig. 5 : Forgeron chinois. Source : Wikipedia.org

 
Comment ce résultat avait-il été atteint ? Joseph Needham avance cinq explications concurrentes, ou plutôt complémentaires : la haute teneur en phosphore des minerais de fer chinois facilitant l’abaissement du point de fusion d’environ 200° C ; l’expérience des fabricants de céramique des fours à très haute température et atmosphère contrôlée ; la disposition d’argile très réfractaire permettant une réduction du minerai de fer dans des creusets entourés de charbon ; à partir du 4ème siècle avant notre ère, le mélange de charbon minéral au charbon de bois ; trois siècles plus tard, le recours à des souffleries à piston à double action, construites grâce au système bielle-manivelle[11]. La taille croissante de ces souffleries, actionnées par des arbres à came eux-mêmes mus par des roues hydrauliques horizontales, avait rendu possible la construction de hauts fourneaux de plus grande capacité. Couramment utilisée pour des moulages répétitifs, la fonte sert à la fabrication en série d’outils (houes, socs d’araire, haches, couteaux) qui assoit l’avance technique et militaire de la Chine sous la dynastie des Han, de part et d’autre du début de notre ère (Figure 5).

Mais cassante, la fonte n’est pas le métal le mieux adapté à tous les usages. Toujours très en avance sur le reste du monde, les forgerons chinois vont ainsi passer à l’acier, « plus difficile à travailler à haute température, mais devenant dur et élastique par trempe »[12]. Initialement, ils ont certainement procédé par cémentation, comme l’avaient fait avant eux les Hittites qui chauffaient le fer dans du charbon de bois pour gagner le carbone nécessaire. Puis, disposant de fonte, ils ont eu l’idée de l’oxygéner, en arrêtant le processus au stade de l’acier, soit à une teneur en carbone intermédiaire (entre le 0,1% du fer et le 5 à 6% de la fonte), avant de mettre au point, au 6ème siècle de notre ère, le procédé encore plus novateur de la co-fusion qui consiste à brasser ensemble de la fonte et du fer en fusion pendant plusieurs jours. Ce faisant, ils ont précédé de douze siècles l’Occident qui ne découvrira ce procédé qu’avec la description de Réaumur au 18ème siècle puis la construction des fours Martin-Siemens[13]. Au cours de cette première étape de la métallurgie chinoise, le charbon minéral occupe une place croissante, notamment avec l’entrée de l’anthracite dans la production de fonte au creuset vers le 4ème siècle, mais le charbon de bois, omniprésent dans le petit haut fourneau, est difficile à détrôner[14].

Par la suite, le charbon minéral servira aussi  à la cuisson des aliments et au chauffage des locaux[15]. Dans ses voyages, Marco Polo rapporte l’usage d’une sorte de pierre noire, extraite des montagnes, qui, une fois allumée, brûle comme du charbon de bois et retient le feu plus longtemps durant toute la nuit[16]. De fait, entre 750 et 1100 de notre ère, les usages du charbon minéral gagnent du terrain sous l’effet d’évolutions démographiques, économiques, écologiques et techniques.

 

3. De l’essor à la « grande divergence » du début du 19ème siècle

Entre la décadence des Tang et l’invasion mongole de Gengis Khan, l’époque des Song n’est pas de tout repos, mais elle est celle d’une extension sans précédent des échanges, par le développement de la navigation intérieure (Yangzi et ses affluents prolongés vers le Nord par des canaux) et surtout d’une révolution agricole qui va modifier durablement la physionomie de l’économie chinoise. Dans le Nord et au Sichuan, la culture du millet est partiellement remplacée par celle du blé, plus productive et accompagné de rotations plus rapides. Dans le Sud-Est, l’extension des techniques de la rizière inondée artificiellement et du repiquage assure une utilisation continue du sol et un accroissement substantiel des rendements. Toutes ces innovations culturales se diffusent, celles du Nord vers le Centre-Sud, celle du Sud vers la Chine centrale.

3.1. L’expansion de la sidérurgie alimentée en charbon minéral

Cette révolution agricole et la croissance démographique résultant de disponibilités alimentaires accrues stimulent la demande de fer, donc les besoins de combustibles, notamment sous la forme de charbon de bois, en provenance de l’exploitation forestière. Mais la déforestation qui s’accélère dans le Nord depuis le 8ème  siècle ne permet pas de suivre la consommation. Elle contraint à rationner le charbon de bois dans les villes au 11ème  siècle et à le faire venir de régions de plus en plus lointaines. « C’est à la fin du premier millénaire de notre ère, entre 750 et 1100, au moment où, en Europe, s’amorce l’exploitation en grand des forêts, que la Chine connaît une généralisation sans précédent de l’emploi des énergies fossiles dans le cadre d’une remarquable proto-industrialisation des régions septentrionales », soit le centre du Shandong, le nord du Jiangsu et la zone frontière Hebei-Henan[17].

Fig. 6 : Extraction de charbon. Source : Irocks.com

 

Comment les usages du charbon minéral se sont-ils développés ? D’abord par des innovations techniques telles que la renaissance du recours à l’anthracite dans la production de fonte en creuset et surtout la cokéfaction des charbons bitumineux. En 1078, la Chine produit entre 114 000 (Jacques Gernet) et 125 000 tonnes de fonte (Jean-Claude Debeir), soit autant que toutes les forges d’Europe occidentale en 1700 ! Cette production s’effectue dans des établissements de grande taille (pour l’époque), regroupés autour des mines de charbon du Henan, du Hebei et du Shanxi qui disposent d’importants gisements de minerai de fer. À la fin du 12ème siècle, l’emploi du coke pour fondre le minerai de fer est, semble-t-il, devenu la norme. De moins en moins cher par rapport au bois rendu plus coûteux par la longueur de son transport, le charbon minéral gagne du terrain dans tous les usages, dont ceux du chauffage des citadins. Il fait l’objet de très nombreux échanges dans toute la Chine du nord-est et devient le seul combustible disponible lors des grandes pénuries de bois de la fin du 14ème  siècle. Des indigènes du district de Kaïping de la province de Chihli l’exploitent par des méthodes primitives au temps des Ming (1368-1644). Tout en lançant de grands programmes de reboisement, ces derniers encouragent l’exploitation des mines de Mentougou et de Zhoukoudian pour approvisionner la capitale. À partir du 17ème siècle, d’autres régions, dans le Bas et le Moyen Yangzi notamment, commencent aussi à extraire du charbon (Figure 6).

3.2. Une moindre pression de la crise du bois de feu

Cette diffusion géographique ne s’est cependant pas accompagnée d’un essor industriel comparable à celui qui se préparait en Angleterre au même moment. Pourquoi ? Les historiens continuent à en débattre. Parmi les questions qu’ils soulèvent, trois méritent un examen plus attentif : la gravité de la crise du bois de feu en Chine ; le niveau d’avancement des techniques minières ; l’existence ou non d’un capitalisme chinois capable de bousculer l’ordre établi.

Toutes les régions de Chine n’ont pas également souffert de pénuries végétales car la couverture forestière variait considérablement entre la sèche Mandchourie et l’humide Guangdong, mais, « les Chinois, tout comme d’autres peuples aux époques primitives, tout comme les pionniers du Nouveau Monde, ont pratiqué la déforestation. Il en a résulté au cours des siècles une érosion qui a changé la figure du pays »[18]. Sans doute avant le 16ème siècle, la pénurie de bois d’œuvre s’est traduite par une envolée des prix des jonques marines (plus 700% entre 1550 et 1820) et par la délocalisation des chantiers navals du Yangzi, du Fujian et du Guangdong[19]. La pénurie de bois de feu a ensuite suivi avec le recul des forêts. Vers 1700, ces dernières recouvraient encore environ 26% de la superficie de l’Empire et même 37% si l’on exclut les franges peu peuplées de l’Ouest (Tibet, Xinjiang, Qinghai et Mongolie extérieure), mais la province du Jiangsu qui englobait une grande partie du delta ne comptait déjà plus que 5% de forêts. Entre 1753 et 1853, la couverture forestière s’était réduite même dans les régions les mieux dotées : de 45 à 24% dans le Guangdong ; de 35 à 25% dans le Guangxi ; de 40 à 24% dans le Lingnan. La crise du bois de feu qui en a résulté ne semble cependant pas avoir été aussi grave qu’en Angleterre à la même époque pour plusieurs raisons.

Les besoins de combustibles y étaient moindres parce que les méthodes de cuisson chinoises, plus rapides, consommaient moins de bois qu’en Europe ; les régions méridionales du pays n’exigeaient pas de chauffage ; les fourneaux chinois étaient plus efficaces que les cheminées ouvertes (open fire) de l’Europe. Sur la base d’une consommation vraisemblable de 0,5 tec/habitant et d’un rendement forestier à l’hectare variable entre la province du Shandong, zone densément peuplée de la plaine du nord, et le Lingnan, zone rizicole du sud, Kenneth Pomeranz parvient à la conclusion qu’à la fin du 18ème siècle, la pression exercée sur les ressources était moindre en Chine qu’en France alors même que ce dernier pays restait beaucoup mieux pourvu en forêts que les Pays Bas ou l’Angleterre. Moindres, les besoins chinois en combustibles végétaux étaient en outre mieux satisfaits qu’en Europe par la disposition des bosquets à l’intérieur ou à proximité des cours de chaque famille ce qui minimisait le temps de transport et facilitait la collecte des brindilles normalement abandonnées en forêt. Si l’on ajoute que la croissance annuelle des arbres était sans doute plus rapide en Chine méridionale qu’en France et que chaque famille paysanne chinoise utilisait plus complètement les résidus de récolte et les déchets animaux, on peut admettre l’hypothèse d’une moindre pression en vue de se procurer de nouveaux combustibles en dehors des régions les plus septentrionales où la couverture forestière ne dépassait plus 1 à 3%.

3.3. Les raisons de la « grande divergence »

Pourquoi alors, dans les régions septentrionales, riches en gisements de charbon exploités depuis plusieurs siècles, un basculement massif en faveur des combustibles minéraux ne s’est-il pas produit ? Les explications varient.

Jean-Claude Debeir et ses collègues avancent qu’en l’absence d’une articulation de la technique avec la science, la Chine n’est pas allée jusqu’à la conversion de l’énergie thermique en énergie mécanique (machine à vapeur) et n’a donc ni multiplié les usages du charbon ni résolu le problème de l’exhaure. Résultat, les mines chinoises n’ayant pu être creusées plus profondément, l’exploitation de la houille ne dépassait pas la quinzaine de mètres au 17ème  siècle. « Il est probable que l’épuisement des couches de houille exploitables dans les conditions techniques de l’époque a été l’une des causes de la ruine des entreprises métallurgiques de Chine du Nord après le 12ème siècle »[20]. La dynamique charbon minéral-métallurgie se serait donc cassée et, avec elle, l’essor de ce qui aurait pu être la première des grandes industries charbonnières et sidérurgiques du monde.

 

Fig. 7 : L'industrie du thé en Chine.

 
Pour Kenneth Pomeranz[21] et Giovanni Arrighi[22] cette interprétation est trop européocentrique parce qu’elle part de l’hypothèse que la voie normale du développement, intensive en capital et en énergie, ayant été celle adoptée par l’Europe, l’historien doit se demander pourquoi la Chine ne l’a pas, elle aussi, empruntée. Mais en inversant l’hypothèse initiale, on peut aussi se demander comment l’Europe a pu échapper à la voie intensive en travail, tant dans l’agriculture que dans la proto-industrie, qui avait été suivie par la Chine. Selon les historiens qui la préconisent, l’inversion est pertinente pour plusieurs raisons. Au 18ème siècle, l’Asie de l’Est en général et la région du Bas Yangzi en particulier, sont aussi développés que l’Europe occidentale et ses régions les plus avancées que sont la Hollande et l’Angleterre[23]. Sous le règne des Ming, les marchés y sont aussi actifs que de part et d’autre de la Manche, aux dires d’Adam Smith lui-même. L’industrie textile chinoise est si compétitive que celle du Lancashire ne parvient pas à la concurrencer parce que les cotonnades locales sont moins chères et de meilleure qualité. Mais à l’Est comme à l’Ouest, les croissances démographiques et manufacturières butent sur l’insuffisance des surfaces qu’exigerait la production des quatre denrées que Malthus juge indispensables à la vie : la nourriture, les fibres (habillement), les combustibles et les matériaux de construction[24]. Les crises du bois de feu ne seraient donc qu’une composante de la raréfaction de l’espace à laquelle la Chine s’est adaptée en optant pour un modèle de développement « industrieux » au moment où l’Europe occidentale choisit un modèle « industriel » qui lui permet d’ échapper au cul de sac proto-industriel (Figure 7).

Mais pourquoi alors cette « grande divergence » ? Pour Kenneth Pomeranz, parce que l’Europe a bénéficié d’une double aubaine : la richesse du charbon anglais et les ressources naturelles du Nouveau Monde. Cette explication n’est que partiellement convaincante. En stoppant les grandes expéditions conduites par Zheng He au début du 15ème siècle et en se « retirant de la scène du monde », les Song du Sud ont bien coupé la Chine de nouveaux espaces que l’Espagne et le Portugal allaient ouvrir peu de temps après au profit de l’Europe et que la colonisation anglaise de l’Amérique du Nord amplifierait[25]. Mais la Chine avait des ressources charbonnières largement équivalentes à celles de l’Angleterre que les grandes distances n’interdisaient pas d’utiliser car les transports, fluviaux notamment, étaient déjà très développés. Reste l’argument des difficultés d’exhaure qui renvoient, comme on l’a noté plus haut, à un retard technique, lequel contredit tout ce que  Kenneth Pomeranz écrit sur le sujet[26].

D’autres évolutions ont donc dû jouer. Parmi elles, un processus de développement par le marché devenu en Chine moins capitaliste qu’en Europe sous l’effet d’une relation particulière entre le pouvoir d’État et le capital, en ce sens que le premier n’avait jamais été subordonné au second[27] . S’appuyant sur Fernand Braudel qui avait noté qu’en Chine, à cause « de l’hostilité nette de l’Etat vis à vis de tout individu qui s’enrichirait anormalement, il ne pouvait exister de capitalisme sinon à l’intérieur de groupes précis, cautionnés par l’État, surveillés par lui et toujours plus ou moins à sa merci »[28], Giovanni Arrighi conclut  que « sous les Ming et  les Qing, le développement par le marché de cette région est demeuré d’essence non capitaliste »[29] ce que John Fairbank confirme : « Que la loi ne se soit pas développée dans la Chine ancienne selon des schémas analogues aux conceptions occidentales est tout simplement dû au fait que le capitalisme et la classe marchande ne s’y sont pas non plus développés »[30]. Les capitalistes n’avaient pas disparu, mais ils avaient survécu, loin des centres, de façon interstitielle, dans la cadre de la diaspora notamment car, pour régner en toute liberté, le marchand chinois avait dû s’exiler en Insulinde ou ailleurs[31].  Contrairement à ce qui s’est passé dans les villes-État italiennes, puis en Hollande au 17ème siècle et en Angleterre après la révolution de 1688, les capitalistes chinois ne se sont jamais identifiés à l’État et n’ont pu, de ce fait, mettre la force militaire au service de la conquête de marchés et de ressources extérieures. Ils n’ont donc pas pu tirer parti du cercle vertueux d’enrichissement et d’augmentation de puissance.

Reste alors à expliquer l’incapacité de ces capitalistes à se constituer en classe, capable d’imposer à l’État des intérêts qui se seraient traduits, comme en Occident, par une concentration de la production dans des unités de plus en plus grandes, une division manufacturière et sociale du travail toujours plus poussée, une accumulation illimitée de la richesse. L’inégalité du rapport de force pourrait avoir été nourrie par « la mésestime dans laquelle le confucianisme tenait l’idée du profit, le souci chez le souverain de toujours s’assurer le contrôle du pouvoir, l’indifférence de la loi à l’égard de la protection de l’investissement privé, l’habitude chez les fonctionnaires de se servir des marchands, d’amoindrir et d’entraver la productivité et le développement de la ferme, tout cela combiné à la fierté démesurée des lettrés et à la xénophobie du peuple »[32].

Résultat de ces blocages, l’exploitation charbonnière ne sera plus, avant longtemps, à la pointe de l’économie chinoise. Les savoirs techniques qui se transmettaient oralement de maître à apprenti se tarissent. La Chine du nord continue aux 17ème et 18ème siècle à exporter vers le Bas-Yangzi mais il ne semble pas que le charbon ait beaucoup intéressé les artisans et entrepreneurs de cette région qui reçoit aussi du bois par cabotage et qui ne diffuse pas son savoir-faire technique vers les régions minières. Quant aux mines du sud, elles sont « le plus souvent modestes en taille et trop mal placées pour tirer profit du marché chinois le plus prospère et le plus consommateur de combustibles ». Même celles du Xuzhou, les mieux situées, sont handicapées par des transports qui doublent le prix du charbon livré au siège du district. Sur la quasi-totalité de ces mines, enfin, plane la menace d’une combustion spontanée que seule une puissante ventilation aurait pu repousser[33].

Le déclin économique des Qing à partir de 1775, suivi de l’ingérence des Occidentaux et plus tard des Japonais, stoppent toute velléité de développement industriel et charbonnier jusqu’aux bouleversements politiques survenus au 20ème siècle.

 

4. De la « grande divergence » au timide réveil industriel de la fin du 19ème siècle

En 1900, alors que le Japon et l’Inde sont déjà avancés dans la construction de leurs industries houillères, la Chine n’en est qu’à des balbutiements, avec une production qui n’atteint vraisemblablement pas le million de tonnes. Pourquoi un tel retard de la part du pays qui avait pris la tête de l’extraction charbonnière plusieurs siècles avant l’Europe ?

Non que ses artisans aient ignoré un minerai dont ils avaient maîtrisé les techniques de combustion bien avant leurs homologues des autres régions du monde. Mais des siècles de repli sur des productions à strict usage local ont figé les savoir-faire. D’autant que le 19ème siècle est synonyme d’invasions étrangères (guerre de l’opium, expédition franco-britannique, guerre sino-japonaise, traité de Nankin), de menaces intérieures (insurrections des T’ai-p’ing, révolte des musulmans, soulèvement des Boxers) et d’affaiblissement de l’administration des Qing. « L’histoire de la Chine au 19ème siècle devint alors l’histoire d’un long déclin dynastique »[34]. Ce contexte ne favorise guère le développement industriel, surtout lorsqu’il doit faire appel à des techniques occidentales[35], ce qui est le cas de l’industrie charbonnière triplement handicapée par la stagnation de la demande de houille, le retard du développement ferroviaire et le petit nombre d’investisseurs.

4.1. Un démarrage minier triplement handicapé

La demande de houille croît très peu parce qu’elle n’est pas tirée par un essor industriel comparable à celui de l’Occident. Plus de 75 % des débouchés viennent d’usages domestiques, ruraux plus qu’urbains[36]. Seule la demande des soutes, à partir de 1840, avait introduit un élément de nouveauté : les entreprises chargées de l’alimentation des navires de guerre et de commerce qui mouillaient dans les ports chinois jugeaient  moins coûteux de le faire à partir de charbon chinois plutôt que de charbon importé d’Angleterre, États-Unis, Inde, Japon ou Australie. Mais elles en étaient dissuadées par les multiples taxes qui grevaient la houille chinoise et surtout l’absence de moyens de transport efficaces entre les mines du nord-nord-est et les ports du sud-est. D’où la longueur des délais d’exploitation qu’illustre l’histoire des charbonnages de Kaïping, au nord de Tientsin : alors que la Kaïping Coal Company avait été constituée en 1875 pour alimenter les vaisseaux de la China Merchant’s Steam Navigation Co et que la première couche de charbon avait été atteinte en 1880, l’autorisation de construire une voie ferrée n’avait été obtenue qu’en 1886,  le premier chargement n’arrivant à Tientsin qu’en 1890[37].

 

Fig. 8 : Inauguration de la ligne Chengdu-Chong.

 

Le grand retard ferroviaire de la Chine est le deuxième handicap sur le chemin de la formation d’une industrie charbonnière car chemin de fer et mines de charbon entretiennent de fortes relations symbiotiques. Or, en 1900, alors que la longueur du réseau indien dépasse 40 000 km[38], celui de la Chine franchit à peine les 1 000 km, car les autorités chinoises n’accordent qu’au compte-goutte les demandes de concessions qui leur avaient été adressées entre 1860 et 1900[39]. Les motivations de ce malthusianisme sont multiples. Parce qu’ils « dépouillent de leur travail les charretiers et les porteurs », les chemins de fer sont l’objet d’attaques fréquentes[40].  Mais l’attitude des Gouvernants ne leur est pas toujours plus favorable. Pour « rester maîtresse chez elle, vivre son ancienne civilisation et conserver pour elle ses richesses », la Chine s’oppose à l’établissement de chemins de fer qui favorisent l’introduction d’étrangers désireux de mettre la main sur ses richesses naturelles, principalement minières, et qui, en outre, facilitent l’invasion des armées ennemies « mettant le Gouvernement à la merci des autres nations »[41]. Cette hostilité idéologique n’est cependant pas le seul obstacle. En l’absence d’un cadre institutionnel stable, les détenteurs de capitaux sont peu incités à investir dans les chemins de fer. « Avant la révolution de 1911 l’aristocratie provinciale revendiquait le contrôle de la construction du réseau ferré. Mais, quoique des projets eussent été ébauchés dans 14 provinces, ils ne furent pas en mesure de mobiliser le capital nécessaire pour une construction rapide. Après la venue au pouvoir du gouvernement national, le programme de construction élaboré par celui-ci fut vite abandonné lui aussi à cause de l’antipathie des nationalistes à l’égard du contrôle financier étranger, mais aussi de la répugnance des étrangers à faire des investissements sans assurances précises »[42]. Résultat : à la veille de la Deuxième Guerre mondiale, le réseau ferroviaire couvrait moins de 11 000 km, c.à.d. à peine un sixième du réseau indien (Figure 8).

 

Fig.9 : Mines de charbon dans le Shanxi.

 

Troisième handicap, faute d’investissements, les mines chinoises ne se modernisent pas. Au tournant du siècle, plus de la moitié de la production provient de petites mines privées, sous-équipées, exploitées saisonnièrement par des mineurs-paysans sous-payés, esclaves dans quelques cas, victimes des pires accidents miniers connus. Les quelques grandes entreprises qui forment l’ossature de l’industrie chinoise moderne ne naissent pas de la concentration de ces petites mines mais d’initiatives externes. Jacques Gernet rappelle que, dans le bref répit qui sépare la reprise de Nankin en 1864 et le désastre de 1894, des gouverneurs régionaux avec lesquels les Qing partagent la réalité du pouvoir parviennent à ouvrir quelques arsenaux, haut fourneaux, mines de fer et de charbon. Ils réussissent en faisant appel aux capitaux des marchands enrichis par le commerce avec l’étranger. En 1900, l’un d’entre eux, Zhang Zhidong, gouverneurs des deux Hu (Hunan et Hubei) créé la Hanyeping Company (aciéries, mines de fer et mines de charbon de Pingxiang dans le Jiangxi) que la Chine sera contrainte de céder aux Japonais en 1915[43]. Aux dires des chercheurs britanniques et australiens, ce ne sont cependant pas ces initiatives publiques qui ont compté mais celles des compagnies étrangères, anglaises d’abord, puis russes et finalement japonaises à l’issue du conflit russo-japonais de 1905. Moins de dix ans plus tard, seules ou en partenariat, les firmes japonaises contrôlent 35% de la production charbonnière chinoise devant les 20% des britanniques. Ni l’effondrement de la dynastie des Qing, ni la guerre civile des années 1920 ne les affecteront sérieusement jusqu’à ce que l’invasion japonaise de la Manchourie en 1931 fasse passer la plupart d’entre elles sous contrôle nippon (Figure 9).

4.2. L’espoir d’un nouvel essor au cours des années 1900

Au cours des dernières décennies du 19ème siècle, l’installation des premières usines thermoélectriques ouvre quelques débouchés supplémentaires, à Shanghai d’abord dès 1882 par un investisseur britannique, puis six ans plus tard à Pékin sur requête de la famille impériale. La même année, des générateurs d’électricité font leur apparition à Guangzhou, Shanghai, Tianjin et Wuhan dans le but d’éclairer les voies publiques et d’approvisionner les familles riches. La plupart sont financés par des entrepreneurs étrangers, propriétaires de 1,5 MW sur les 2,7 installés en 1911[44].

Face à un Japon qui s’industrialise à grande vitesse sous l’impulsion du gouvernement central, la Chine peine à avancer pour des raisons principalement politiques : depuis les rebellions des années 1850, les autorités des provinces « s’étaient considérablement émancipées du gouvernement central et utilisaient l’industrialisation comme un moyen de consolider leur autonomie ». S’était alors ouverte « une ère de chaos politique qui devait durer un demi-siècle, caractérisée par une limitation supplémentaire de souveraineté, par d’accablantes réparations de guerre, par l’effondrement du régime Qing, par l’autonomisation progressive des seigneurs de guerre, puis par l’invasion japonaise et par des guerres civiles récurrentes entre nationalistes et communistes »[45].

Les deux premières décennies du 20ème siècle commencent mieux avec les réformes Qing à partir de 1901 puis la révolution de 1911 et la proclamation de la République chinoise. Encouragés par les nouvelles autorités, « une élite réformiste urbaine » tente de prendre le contrôle de l’économie en combattant l’emprise étrangère sur les industries chinoises, tout particulièrement les mines et les chemins de fer. Elle réussit particulièrement dans les industries de biens de consommation et la petite mécanique dont la production croît au rythme annuel de 13,8% entre 1912 et 1920[46]. Ce décollage industriel entraîne l’essor de la production de charbon qui saute de 1 à 12 Mt entre 1903 et 1908 avant d’être stoppée par les troubles politiques de la décennie 1910 (Tableau 2).

 

Tableau 2 : Production de houille en Chine 1902-1949

 

1 000 t
1903
  1 036
1904
  1 103
1905
  1 213
1906
  9 033
1907
  8 890
1908
12 000
1909
11 000
1910
  9 898
1911
14 700
1912
  5 166
1913
  5 678
1920
 14 131
1925
 17 538
1930
 19 892
1935
 30 093
1940
 44 334
1945
 26 285
1949
 31 000
Source : Etemad Bouda & Luciani Jean. World  Energy, op. cit, p. 18.

4.3. Main mise étrangère sur les mines chinoises entre les deux guerres mondiales

Dans le contexte politiquement incertain des années 1920, cependant, le mouvement s’essouffle. L’heure d’une industrialisation capitaliste n’a pas encore sonnée et l’industrie charbonnière ne retrouve pas son essor du début du siècle. De fait, entre les deux guerres mondiales, les usages des combustibles minéraux solides restent majoritairement domestiques et ruraux. La part de ces derniers dans la consommation charbonnière totale, ne reculent que lentement, de 56,4 % en 1915 à 42,7 % en 1933, au profit de celles des chemins de fer et des soutes (de 15,2 à 17,9 %), des centrales électriques (de 1,2 à 6 %) et des exportations volontaires puis forcées vers le Japon (de 7,7 à 13,0 %). L’incidence des amorces d’industrialisation, dans le nord-est par les investissements japonais, dans le sud-est par des initiatives nationales dont celles des hommes d’affaires appartenant à la famille de Chiang Kai-shek, est encore limitée. Géographiquement, la consommation reste très concentrée à proximité des mines, soit en 1936 : 36 % dans le nord, principalement l’Hebei car les mines du Shanxi sont encore peu sollicitées ; 26,4 % dans le nord-est (Mandchourie), dont surtout le Liaoning ; 22,9 % dans le centre et l’est qui consomment beaucoup plus qu’ils ne produisent. Dans le sud-est, la plus grande partie du charbon est destinée aux centrales thermiques. C’est en effet là, à Shanghai en particulier, que sont concentrées la plupart des installations qui produisent les 2 TWh (4,5 kWh/habitant) dont dispose la Chine en 1929[47]. Du fait de leur éloignement, les quelques centrales hydroélectriques comptent peu face aux 700 petites centrales thermiques, ou plus, construites par des entreprises industrielles, des municipalités et des compagnies électriques tant nationales qu’étrangères (Tableau 3).

 

Tableau 3 : Parc de production d’électricité en 1929

 

Nombre d’usines
%
Puissance installé (MW)
%
– Sociétés privées
523
72,3
206,1
24,7
– Municipalités
 17
 2,3
 47,8
 5,7
– Sociétés étrangères
 35
 4,8
273,3
 3,7
– Entreprises industrielles
149
20,6
308,1
36,9
Total
724
100
835,4
100
Source. Chaumier Cécile. L’électrification, op. cit, p. 114

Avant la main mise japonaise sur 90 % des grandes mines chinoises, la production de charbon est désormais contrôlée par des entreprises nationales à hauteur de 43 %, le reste l’étant par des entreprises étrangères, déjà très majoritairement japonaises (40 %)[48]. Comme au début du siècle, les premières exploitent surtout de petites mines dont l’équipement n’a guère progressé. Les secondes sont  propriétaires des grandes mines les plus productives, soit parce qu’à ciel ouvert (Guchengzi sur le gisement de Fushun dans le Liaoning ou Zhalainuoer et Hegang dans le Heilongjiang), soit parce qu’exploitées selon la méthode des chambres et piliers. L’abondance et le faible coût de la main d’œuvre n’incitent pas à les mécaniser, d’où une productivité moyenne au fond de 0,6 tonnes/homme/poste, soit le tiers ou le quart de celles de l’Europe occidentale en 1940. L’évacuation du charbon reste aussi un gros obstacle, surtout après la destruction des principales voies ferrées reliant la Mandchourie au reste de la Chine.

Quelle croissance de production cette industrie a-t-elle obtenu ? Les différences d’estimation ne permettent pas de le dire avec précision[49]. Le rythme annuel moyen de 3,7% auquel on parvient, en partant de 10 Mt en 1910, n’est pas négligeable pour des temps aussi troublés que ceux de la première moitié du siècle, mais son résultat en 1949 ne place pas la Chine parmi les grands producteurs mondiaux de charbon.

4.4. Une très lente pénétration des hydrocarbures dans le bilan énergétique

Bien qu’elle soit présentée par certains historiens chinois comme le premier pays a avoir découvert le pétrole sous la dynastie des Han[50], la Chine n’en consomme que de très petites quantités depuis la fin du 19ème siècle et n’en produit qu’à partir des années 1920 (Tableau 4).

 

Tableau 4 : Consommation et production de pétrole

 

1 000 t
Consommation
Production
1903
355
1910
626
1920
601
1930
515
 50
1940
597
585
1949
120
118
Source : Etemad Bouda & Luciani Jean. World  Energy, op. cit, p.71 et 84.

Les premières données disponibles font état de quelques dizaines de milliers de tonnes consommées au début des années 1880, puis d’une lente croissance jusqu’à environ 700 000 tonnes lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale. Il s’agit de kérosène pour l’éclairage, d’essence et de diésel alimentant les premiers moteurs thermiques dans le transport, l’industrie et la production d’électricité. Ces volumes sont importés par l’intermédiaire des grandes compagnies telles la Standard de Rockefeller « dont les navires livraient partout, de Londres à Shanghaï« [51]. À partir des années 1930, une partie de ces produits sort de petites raffineries construites à Fushum, Chinchou, Kirin et Szeping[52].

 

Fig. 10 : Péripéties de l'extraction pétrolière en Chine.

La Chine pouvait-elle extraire de son sous-sol le pétrole consommé ? Dès 1878, le gouvernement de Mandchourie avait confié à deux ingénieurs étasuniens le soin de forer dans l’ile de Taïwan, mais un accident interrompit le projet. 30 ans plus tard, le premier puits productif dans le Shanxi n’eut pas un sort plus enviable. Ce n’est qu’à partir des années 1930 que la Chine commence à mettre en exploitation le champ du Yumen dans le Kansu, puis dans les années 1940, avec l’aide des Soviétiques, ceux du Wusu et du Tushantsu dans le Xinjiang ainsi que ceux du T’ienshan (Figure 10). Parallèlement, dans la Mandchourie occupée par les Japonais, des schistes bitumineux sont extraits et transformés en huile synthétique, mais toutes ces installations sont détruites ou démontées et transportées en Union Soviétique à l’issue des combats de 1945[53].

4.5. L’énergie en Chine en 1949

Au total, sur les 550 millions d’habitants environ que compte la Chine à la fin des années 1940, presque 90% vivent encore à la campagne dans le cadre d’un modèle énergétique qui a peu évolué au cours de toute la période considérée. Sur la base moyenne de 0,3 tonnes équivalent pétrole (tep) par homme/an, cet approvisionnement peut être estimé à environ 170 millions de tep (Mtep)/an auxquels s’ajoutent un peu moins de 20 Mtep de charbon minéral et 1 ou 2 Mtep de gaz naturel, pétrole et d’électricité hydraulique[54]. Ces disponibilités sont très loin de satisfaire les besoins les plus élémentaires tels que la cuisson des aliments, le chauffage en saison froide, le transport des hommes et des marchandises et l’alimentation des quelques usines qui ont survécu aux destructions. Comment le nouveau régime politique qui se met en place va-t-il répondre à des besoins d’une telle ampleur ? Jusqu’à quel point va-t-il pouvoir s’appuyer sur des traditions minières dont on a observé l’ancienneté ? (Lire : L’énergie en Chine : les décennies Mao Zedong et L’énergie en Chine : les réformes de Deng Xiaoping).

 

Notes et références

[1] Elle est incluse dans le groupe « communist asia ». Darmstadter Joel (1971). Energy in the world economy. A Statistical Review of Trends in Output, Trade, and Consumption Since 1925. Resources for the Future. Baltimore and London : The Johns Hopkins Press, 876 p.

[2] Vaclav Smil, après avoir évoqué l’ampleur des changements du système énergétique chinois depuis 1950, ajoute qu’il faut insister sur la continuité autant que sur le changement du fait de l’inertie du système. « Historical perspectives demonstrate that it takes a long time, usually half a century, for a new source of energy to capture the largest share of the market ». Smil Vaclav (2004). China’Past, China’s Future. Energy, Food, Environment. New York : Routledge, 232 p, (p. 14).

[3] Maddison Angus (2001). L’économie mondiale. Une perspective millénaire. Paris : OCDE, 400 p.

[4] Debeir Jean-Claude, Deléage Jean-Paul, Hémery Daniel (1986). Les servitudes de la puissance. Une histoire de l’énergie. Paris : Flammarion, 428 p (p78). C’est de cet ouvrage que sont tirés la plupart des développements qui suivent sur la période la plus ancienne.

[5] Debeir Jean-Claude, Deléage Jean-Paul, Hémery Daniel (1986). Les servitudes, op. cit,  p. 95. Pour plus de détails, voir le tableau (pp. 92-93) qui liste toutes les innovations dans le domaine des énergies mécaniques en soulignant leur antériorité par rapport à leurs équivalentes en Europe occidentale.

[6] Grousset René et Deniker George (1955). La face de l’Asie. Paris : Payot, 437 p, (p. 234).

[7] Fairbank John K. et Goldman Merle (2010). Histoire de la Chine. Des origines à nos jours. Paris : Tallandier, 750 p,  (pp. 69-70). On peut voir aussi la fine description de l’âge du bronze au Sichuan dont témoigne le site de Sanxingdui, siège d’une importante production de vases de bronze entre -1800 et -1000. Soutif Michel (2009). Fondements des civilisations de l’Asie. Science et culture. Les Ullis : EDP Sciences, 372 p.

[8] Gille Bertrand (1978). Histoire des techniques. Paris : Encyclopédie de la Pléiade, 1 652 p  (p. 441). Certaines de ces informations sont aussi contestées. John U. Neff, par exemple, reconnaît que le charbon a été consommé en Chine depuis des millénaires mais pense que les métallurgistes ne l’ont pas utilisé aussi tôt que certains le prétendent.  Neff John U. (1954). La naissance de la civilisation industrielle et le monde contemporain. Paris : A. Colin, 249 p, (p. 44).

[9] Soutif Michel (1995).  L’Asie, source de sciences et de techniques. Grenoble : PUG, 311 p, (p. 113).

[10] « De tous les paradoxes mis à jour jusqu’à maintenant, celui-ci est peut-être le plus saisissant : à savoir qu’une forme de métallurgie développée si profondément caractéristique du développement de l’industrie capitaliste en Occident) ait pu exister pendant tant de siècles dans le cadre de la féodalité bureaucratique chinoise, sans toutefois que cette dernière en soit bouleversée…Ce qui est remarquable, c’est que les Chinois purent le fondre (le fer) pratiquement dès l’époque où ils apprirent son existence. En l’espace de deux ou trois siècles, le fer battu des fourneaux à forge fit place au fer fondu ». Needham Joseph (1969). La science chinoise et l’Occident. Paris : Seuil, 1973, 252 p, (p. 8). Jusqu’à quel point peut-on se fier à ce que rapporte J. Needham ? Très critique, l’historien indien Sanjay Subrahmanyam accuse Needham d’avoir « vraiment avalé tout ce que les Chinois lui ont vendu ». Propos recueilli par Sylvie Kauffmann, in Le Monde 14/10/11.

[11] « Peu d’inventions ont eu autant d’importance économique que celle du soufflet en bois à deux effets au 4ème siècle avant J.C. en Chine. Son usage permet un progrès significatif dans l’obtention de hautes températures dans les fours à céramique et les installations métallurgiques ». Soutif Michel. L’Asie, op. cit, p. 228.

[12] Soutif Michel. L’Asie, op. cit, p. 119.

[13] Jacomy Bruno (1990). Une histoire des techniques. Paris : Le Seuil, 366 p, (pp. 97-98).

[14] Debeir Jean-Claude et alii. Les servitudes, op. cit. pp. 96-110. Concernant le charbon, ces auteurs utilisent largement les travaux de R. Hartwell dont on trouve les références pp. 386-87.

[15] Jacomy Bruno. Une histoire, op. cit, pp. 54-55. Voir aussi Soutif Michel, Fondements, op. cit, p. 74, qui insiste sur l’importance de la cémentation artificielle dans les progrès de la métallurgie du fer par les Chalybes vers -1500.

[16] Woytinsky Wladimir S. and Woytinsky E. S. World population and production. Trends and outlook. New York : The Twentieth Century Fund, 1 268 p, (p. 867).

[17] Debeir Jean-Claude et alii. Les servitudes, op. cit, p. 97.

[18] Fairbank John. Histoire, op. cit, pp. 40-41.

[19] Pomeranz Kenneth (2010). Une grande divergence. La Chine, l’Europe et la construction de l’économie mondiale. Paris : Albin Michel, 550 p.  Première édition en langue anglaise publiée en 2000. C’est à cet auteur que nous empruntons ce qui suit sur l’approvisionnement en bois (voir pp. 342-365).

[20] Debeir Jean-Paul et alii.. Les servitudes, op.cit. p. 110.

[21] Pomeranz Kenneth. Une grande divergence, op. cit.

[22] Arrighi Giovanni (2009).  Adam Smith à Pékin. Les promesses de la voie chinoise. Paris : Max Milo, 504 p. Première édition en langue anglaise publiée en  2007.

[23] Ce que confirme John Fairbank lorsqu’il précise « L’ancien stéréotype de l’époque victorienne, qui voyait dans la Chine une nation passive et immobile, là où l’Occident se serait au contraire, grâce à ses progrès, projeté partout à travers le globe, a depuis longtemps été dépassé ». Histoire, op. cit, p. 245.

[24] Pomeranz Kenneth. Une grande divergence, op. cit, pp. 53 et 104.

[25] Fairbank John. Histoire, op. cit, pp. 208-212.

[26] A plusieurs reprises, l’auteur souligne le caractère peu efficace des techniques minières chinoises (p. 50, 113-117) mais il l’oppose à leur supériorité dans d’autres secteurs (irrigation, textile, porcelaine, médicaments…p. 70-90) et ne le retient pas comme un obstacle sur la voie d’un développement « industriel ».

[27] Arrighi Giovanni. Adam Smith, op. cit, p. 410.

[28] Braudel Fernand (1967).  Civilisation matérielle, économie et capitalisme. Paris : Armand Colin, 3 tomes, (pp.710-11).

[29] Arrighi Giovanni. Adam Smith, op. cit, p. 411

[30] Fairbank Kenneth. Histoire, op. cit, p. 275.

[31] Braudel Fernand (1985). La dynamique du capitalisme. Paris : Arthaud, 121 p, (p. 76).

[32] Fairbank Kenneth. Histoire, op. cit, p. 276.

[33] Pomeranz Kenneth. Une grande divergence, op. cit, pp. 115-117.

[34] Fairbank John. Histoire, op. cit, p. 278.

[35] Accoutumés à considérer le reste du monde comme un désert barbare qui n’a rien à offrir, les Chinois au contact des occidentaux (18ème et début 19ème) se renforcent dans la croyance de leur propre supériorité, hésitant entre un refus dédaigneux et une imitation à contrecœur des techniques occidentales. Landes David (1975). L’Europe technicienne. Révolution technique et libre essor industriel en Europe occidentale de 1750 à nos jours. Paris : Gallimard, 779 p, (pp. 45-46).

[36] Sur ce qui suit, on peut se référer à Thomson Elspeth (2003). The Chinese coal industry : an economic history. London : Routledge, 412 p. Dans cet ouvrage de référence, la partie de l’étude relative à la période pré-communiste s’appuie sur les travaux de Wright et d’Ikonnicov, référencés pp. 322-23.

[37]  Quelques années plus tard, l’exploitation sera interrompue lorsque “les troubles des Boxers atteignirent Tongshan” puis entravée par des contestations au sujet des délimitations des terrains attribués à la compagnie. Après fusion avec un concurrent local, la Kaïping Coal Company survivra jusqu’à la nationalisation de 1949 sous la dénomination de Kaïlan Mining Administration, puis Army Controlled Kaïlan Mining Administration, sous tutelle japonaise. Brouet Jean R. Le bassin houiller de Kaïping (Chine du Nord). Annales des Mines, IV, pp. 11-18, (pp. 12-13).

[38]  Headrick Daniel R. (1988). The tentacles of Progress. Technology Transfer in the Age of Imperialism 1850-1940. Oxford University Press, 191 p,  (op. cit. p. 55).

[39] « Lorsque la Maison Jardine et Matheson fera circuler le 14 février 1876 le premier train de chemin de fer, la voie de 17 km qu’elle avait construite à ses frais pour relier Shanghaï à l’avant-port de Woosong, sera poliment rachetée par le Gouvernement chinois qui fera arracher les rails et les enverra rouiller sur une plage de Formose ». Grousset René et Deniker George. La face, op. cit, p. 358.

[40] Fairbank John K, Goldman Merle. Histoire, op. cit, p. 43.

[41] Simon J (1911). Note sur les chemins de fer chinois. Annales des Mines, tome 20, pp. 61-99. L’auteur ajoute que « dans sa lutte avec la Chine pour l’obtention des concessions, l’Europe ne manqua pas d’hommes de valeur » tels P. Kinder, ingénieur anglais « le véritable créateur des chemins de fer chinois ». Ces hommes obtinrent, l’appui de Li-Hung-Chang, vice-roi du Chili et de Tong-King-Sing, fondateur de la North China Railways Company, ainsi que celui de Chang-Ching-Tung, vice-roi de Canton qui eut le premier l’idée de relier Pékin à Hankow et de Sheng-Kung-Pao, directeur de l’Imperial Railways Administration.

[42] Fairbank John King. United States and China, Cambridge, Mass, pp. 226-227, cité par Sternberg Fritz (1958). Le conflit du siècle. Paris : Editions du Seuil, 670 p, (pp. 263). Dans Histoire, op. cit, p. 324, ce même historien précise : « Les conservateurs craignaient que les mines, les chemins de fer et les lignes télégraphiques pervertissent l’harmonie entre l’homme et la nature, perturbant les ancêtres impériaux, occasionnant le rassemblement d’ouvriers miniers indisciplinés… ».

[43] Gernet Jacques (2006). Le monde chinois. 2 tomes, (pp. 494-95 et 541-44).

[44] Hongliang Yang (2006). Overview of the Chinese Electricity Industry and its Current Uses. Working Paper, CWPE 0617 and EPRG 0517, February, 46 p (p. 3). Manifestement erronés pour la période de l’entre-deux-guerres (voir ci-dessous), les chiffres avancés par cet auteur doivent être examinés avec circonspection.

[45] Arrighi Giovanni. Adam Smith, op. cit, p. 422.

[46] Fairbank John. Histoire, op. cit, p. 394. L’auteur appuie ses développements sur les travaux de Marie-Claude Bergère.

[47] Chaumier Cécile. L’électrification de la Chine dans les années 1930. Annales historiques de l’électricité, n°7, septembre 2009, pp. 113-117. Les données publiées sont tirées du compte-rendu d’un expert M. Dettmar (Delimar ?), membre d’une mission  allemande invitée par le gouvernement de Nankin. Outre les premières statistiques disponibles sur l’industrie électrique, l’auteur décrit les conditions particulières de la distribution d’électricité dont les  tensions varient de 65 à 220 V, ce qui oblige à changer les ampoules plusieurs fois par jour, alors même que le courant n’est fourni que quelques heures à des utilisateurs qui ne disposent pas d’interrupteurs et qui, pour la plupart, ne payent pas l’électricité.

[48] Fritz Sternberg, in Le conflit, op. cit, p. 262 confirme : « les mines de charbon contrôlées par des étrangers représentaient la moitié environ de la production annuelle totale de la Chine qui s’élevait alors à 20 millions de tonnes ».

[49]  La série statistique retenue par Bouda Etemad part d’une production en 1913 inférieure de moitié aux données d’Elspeth Thomson et de B.R. Mitchell puis reste sensiblement inférieure jusqu’en 1950. Etemad Bouda & Luciani Jean (1991). World Energy production 1800-1985. Genève : Droz, 273 p.

[50] Selon Pan Ku, auteur de l’Histoire de la dynastie des Han, écrite il y a 1800 ans. Chu-yuan Cheng (1976). China’s Petroleum Industry. New York : Praeger Publishers, 244 p (p. 1).

[51] O’Connor Harvey (1958). L’empire du pétrole. Traduction française. Paris : Editions du Seuil, 253 p, (p. 165).

[52] Chu-yuan Cheng (1976). China’s, op. cit, p. 2.

[53] Pour illustrer le retard de l’industrie pétrolière chinoise en 1949, Vaclav Smil rappelle  qu’entre 1907 et 1948, dans le bassin du Yangchang,  sur les 123 puits exploratoires forés, 45 ont produit un volume de 2,78 Mt qui peuvent désormais être extraites en six jours. Smil Vaclav (2004). China’s Past, op. cit, p. 12.

[54] Pour plus de détails, on peut de reporter à Smil Vaclav (1988). Energy in China’s modernization. Advances and limitations. Armonk : M.E. Sharpe, Inc., 250 p. ainsi qu’à Smil Vaclav (2004). China’Past, op. cit.

 


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