L’action locale en faveur de la sobriété et de l’efficacité énergétique en Rhône Alpes

L’action locale en faveur de la sobriété et de l’efficacité énergétique en Rhône Alpes

En 2016, l’État national n’est plus le seul à se soucier d’une  transition vers un approvisionnement énergétique plus  soutenable. Les collectivités locales sont souvent en première ligne (Lire les articles : Décentralisation énergétique en France 1980-2010 : les mutations énergétiques et institutionnelles ; Décentralisation énergétique en France 1980-2010 : les collectivités locales entrent en scène ; Décentralisation énergétique en France 2010-2020 : l’irruption du numérique et des énergies renouvelables ; Décentralisation énergétique en France 2010-2020 : la loi de transition énergétique et Les politiques d’efficacité énergétique : problématiques, moyens et outils d’évaluation).

 

1. Un peu d’histoire

Dès le premier choc pétrolier (1973) il est apparu que les consommations d’énergie, développées jusque là dans une logique d’offre gérée par des acteurs centralisés, devaient être maîtrisées. Il était donc indispensable de s’intéresser aussi à la demande d’énergie et aux énergies renouvelables, décentralisées et locales par nature. C’est ce qui a été fait dans la région Rhône-Alpes en deux étapes.

1.1. De 1978 à 1993

En Rhône Alpes, l’Établissement public régional a créé en 1978 l’Agence régionale de l’énergie Rhônalpénergie, associant de nombreuses collectivités et les représentants des consommateurs collectifs et des offreurs.

En parallèle, entre 1977 et 1985, pour étudier et développer l’énergie solaire, plusieurs associations ont été créées[1] : à Lyon  l’ALEDES, à Grenoble l’AGEDES, à St Étienne HELIOSE, en Ardèche ISA, en Haute Savoie l’AHSDES et dans l’Ain HELIANTHE. Au cours de la même période, d’autres associations se sont constituées sur le domaine plus vaste des énergies renouvelables : l’ASDER en Savoie, le CEDER dans le sud de la Drôme et l’AFODER dans le nord de la Loire.

À partir de 1985, le contre-choc pétrolier n’a pas arrêté le mouvement associatif. Au contraire, avec l’émergence du changement climatique et les travaux du GIECC, la motivation pour le travail  à l’échelle locale en faveur des économies d’énergie et des énergies renouvelables n’a fait que croître.

Toutes les associations ont développé, parfois en changeant de nom et ou d’équipe, l’AGEDES/AGEDEN, ALEDES/PHEBUS puis HESPUL, ISA/POLENERGIE, AHSDES/EE 74/PRIORITERRE, le champ complet de l’énergie décentralisée, résumé dans le modèle Négawatt (Lire : Le scénario négaWatt 2011) : sobriété-efficacité énergétique et énergies renouvelables.

Toutes ont cependant gardé leurs spécificités : l’ASDER a développé l’énergie solaire thermique et un centre de formation, PHEBUS/HESPUL ont lancé et développé les installations photovoltaïques individuelles raccordées au réseau, PRIORITERRE a imaginé le concours famille à énergie positive.

Les équipes, composées au départ d’adhérents bénévoles et d’objecteurs de conscience se sont progressivement professionnalisées, ce qui leur a permis d’accompagner les politiques locales, régionales et nationales, structurées notamment dans le cadre des contrats de plan État Région. À partir de 2000, elles ont adhéré à une charte établie par l’ADEME pour devenir EIE  (Espaces Info Énergie). Le respect de la charte garantit l’indépendance et la qualité des conseils gratuits aux particuliers.

Elles ont ainsi organisé des actions de sensibilisation auprès du grand public et des scolaires, participé à de très nombreuses foires et salons, développé l’information et le conseil gratuit pour les particuliers dans les Points Info Energie (PIE) devenus EIE et réalisé nombre de pré-études  ou pré-faisabilités,  en amont du travail des bureaux d’études ou des entreprises. Elles ont suivi des réalisations pour améliorer la connaissance, la gestion des installations et le comportement des usagers.

Elles ont contribué à certains programmes, soutenus par l’Union européenne, à partir de propositions de Rhônalpénergie, en matière de recherche de sites  de séchage solaire ou de sites isolés photovoltaïque, d’autonomie énergétique des villes moyennes. D’autres réponses ont été proposées directement par les associations  sur le photovoltaïque raccordé au réseau.

Elles ont été la cheville ouvrière des programmes régionaux pour l’énergie solaire thermique, le chauffage automatique au bois, les constructions ou  réhabilitations performantes.

Outre les partenariats qu’elles ont noués avec le Conseil régional et l’AFME/ADEME, les associations ont tissé des liens avec les acteurs de leur territoire.

Elles ont travaillé en concertation avec les organismes locaux qui conseillent les particuliers notamment les CAUE, les ADIL ou les PACT,  pour  éviter les concurrences et  mieux répondre à la demande des collectivités locales et du public. Dans la Drôme par exemple, la répartition entre l’ADIL 26 et le CEDER s’est établie sur une base territoriale et en fonction des cibles.

En 1995  les associations se sont associées pour former le CLER RA, Comité de liaison des énergies renouvelables en Rhône Alpes.

1.2. À partir de 1994

La Commission européenne ayant lancé un dispositif de soutien à la création d’agences locales, régionales et insulaires de maîtrise de l’énergie, dans le cadre du programme SAVE, se sont ainsi constituées en Rhône-Alpes, sous forme d’associations également, des Agences locales dans les métropoles de Grenoble et Lyon ainsi que dans le département de la Loire (Lire : Décentralisation énergétique en France 1980-2010 : les collectivités locales entrent en scène)

Une Agence locale de l’énergie et du climat (ALEC) est un organisme d’animation qui conduit des activités d’intérêt général afin de favoriser, au niveau local, la mise en œuvre de la transition énergétique et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. C’est une organisation indépendante, autonome, à but non lucratif, créée à l’initiative des collectivités locales et de leurs groupements, qui bénéficie du soutien des pouvoirs publics locaux pour fournir des informations, des conseils et une assistance technique aux utilisateurs d’énergie (collectivités territoriales, citoyens, entreprises et autres) et contribuer au développement des marchés d’énergies locales durables.

Leurs missions relèvent de quatre champs d’actions :

–  informer, sensibiliser et conseiller de manière indépendante et objective, les consommateurs publics et privés ;

– participer à la définition de stratégies énergétiques territoriales et à la transition énergétique des territoires ;

– contribuer, directement ou indirectement, au perfectionnement des maîtres d’ouvrage, des professionnels de tous secteurs économiques et des agents des administrations et collectivités ;

–  diffuser et enrichir l’expertise des territoires en animant, en participant à des réseaux européens, nationaux et locaux ainsi qu’en expérimentant des solutions techniques, des méthodologies et des démarches.

En Europe, plus de 400 agences ont vu le jour à l’initiative des collectivités territoriales ; en France, en 2016,  on en compte  33, fortes de plus de 250 salariés et regroupées, depuis 2004, au sein de  FLAME, Fédération des Agences locales de maitrise de l’énergie et du climat.

Le soutien européen et régional impliquait la coordination entre associations et agences, ce qui s’est traduit, en Rhône Alpes, par un partage du territoire et/ou des missions ainsi que par la présence réciproque d’administrateurs.

Associations et agences se sont regroupées au sein d’IERA, Information Énergie Rhône Alpes. Cette association, qui a pris la suite du CLER RA en Juin 2003 a pour objet « de renforcer, de prolonger et d’amplifier les actions entreprises par le réseau des associations de RA dont le but principal est la promotion et le développement de l’efficacité énergétique et de l’utilisation des énergies renouvelables ». Elle a permis de consolider les programmes soutenus par l’ADEME et le Conseil régional Rhône Alpes, de créer des groupes thématiques, de mutualiser les actions de veille, de développer des projets innovants, des journées d’échanges, des actions de communication régionale et d’évaluation. En 2016, le réseau d’associations IERA regroupe environ 170 emplois, dans 12 associations dont les trois Agences locales déjà citées.

Ses principales cibles restent :

– les économies d’énergie dans le logement des particuliers, notamment dans le cadre des plateformes de rénovation énergétique de l’habitat et de l’organisation du guichet unique ;

– les comportements, notamment la sobriété, l’éco-consommation et la mobilité ;

– l’accompagnement de la rénovation énergétique des copropriétés ;

– l’accompagnement des territoires, Territoires à Energie POSitive TEPOS et mobilisation des fonds FEDER.

La loi sur la Transition énergétique et la croissance verte (LTECV) donne un cadre d’actions décentralisées réparties entre les Régions et les intercommunalités. Elles s’inscrivent dans les Schémas Régionaux Climat Air Energie (SRCAE) et prochainement dans les Schémas régionaux d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires, les Plans Climat Air Énergie Territoriaux (PCAET), les Plateformes de rénovation énergétique des logements et les Territoires à Energie POSitive. Les Agences locales et le « tissu associatif partenaire » cités dans le SRCAE et dans la loi sont bien représentés en Rhône Alpes et engagés dans la Transition énergétique  à l’échelle des territoires. Ces actions peuvent être illustrées par certaines opérations conduites dans le département de l’Isère par l’AGEDEN et l’ALEC.

 

2. L’action de l’AGEDEN en faveur du développement de la filière bois énergie

Développer, en la modernisant, la filière bois énergie est un des enjeux de la transition énergétique. L’AGEDEN s’est attelée très tôt à cette tâche.

2.1. Du premier choc pétrolier à la constitution d’une filière bois énergie moderne

Même après les chocs pétroliers des années 1970, une tendance de fond persiste jusqu’aux années 1990 : les énergies fossiles, notamment le fioul et le propane, continuent à prendre la place du bois, énergie traditionnelle des zones rurales. Le réseau de gaz naturel se développe dans les zones urbaines et le chauffage électrique se diffuse largement dans les constructions neuves, face à un solaire balbutiant. C’est dans ce contexte que commence à se développer, à partir de la fin des années 1970, la filière bois énergie telle qu’on la connaît en 2016, avec sa diversité d’usagers et de combustibles. La filière bois énergie comporte deux grandes sources.

Celle des bois bûches semble bien installée culturellement comme l’énergie traditionnelle des maisons individuelles, mais elle souffre de l’évolution des modes de vie et de la concurrence des autres énergies du fait notamment des contraintes quotidiennes (allumage, chargement manuel régulier). De fait, le bois bûches devient de plus en plus une énergie d’appoint et d’agrément mais de moins en moins l’énergie principale de chauffage. Face à ce constat, il devient indispensable d’offrir un service équivalent aux autres énergies, ce qui conduit logiquement à l’idée de systèmes à alimentation automatique avec d’autres formes de combustibles comme les plaquettes forestières issues du broyage des sous-produits d’exploitation forestière, et plus tard les granulés de bois issus de la transformation des sciures.

L’autre ressource de base de la filière bois énergie est constituée des différents déchets  :

 – les co-produits  issus de la transformation du bois : sciures, écorces, plaquettes (broyat de chutes de bois);

–  les bois de rebuts issus du tri et du traitement de bois de récupération.

Face à l’impérieuse nécessité d’évacuer les sous-produits  issus de la transformation du bois, les professionnels qui se contentaient parfois de les brûler sur place, cherchent rapidement des solutions pour mieux les valoriser au-delà des débouchés existants dans l’industrie (papeterie, métallurgie). Ils pensent naturellement à la valorisation énergétique. De même, le tri des déchets et la récupération de bois en fin de vie se développent et l’énergie constitue un débouché intéressant.

Même s’ils sont particulièrement hétérogènes, ces différents déchets sont attractifs du fait de leur faible coût si bien que les premières chaufferies bois voient le jour au cours des  années 1980 pour chauffer des immeubles de logements sociaux, des lycées ou des ensembles de bâtiments via des réseaux de chaleur. Pour brûler ces combustibles grossiers et humides (écorces, plaquettes humides, bois de rebuts) on déploie alors de grosses installations coûteuses et complexes à exploiter.

Au cours des années 1990, les pouvoirs publics conscients des nombreux intérêts d’une meilleure valorisation de ces ressources locales mettent en place le Plan Bois Énergie, pour aider les maîtres d’ouvrage à s’équiper de chaufferies bois dans les meilleures conditions : aides aux investissements, et accompagnement des projets, entre autres.Progressivement la filière va se développer avec une meilleure adéquation entre les besoins, les technologies et les combustibles.

On va ainsi voir se structurer de nouvelles branches de la filière bois énergie qui permettent à ce combustible de concurrencer les autres énergies sur une grande partie du marché des besoins de chaleur, avec des technologies adaptées. Il s’agit :

  • des plaquettes forestières : production issue directement de l’exploitation forestière, de l’entretien des haies et espaces boisés ; ce combustible bien calibré et sec est bien adapté pour des chaufferies petites et moyennes (bâtiments agricoles, bâtiments communaux) avec un approvisionnement très local ;
  • de la filière granulés de bois : ce combustible très fin et calibré est produit à partir de sciures par quelques industriels rhônalpins ; il peut facilement être utilisé à la fois pour des besoins individuels (poêles) ou pour le chauffage de petits bâtiments  à faibles besoins car son coût est relativement élevé.

Grâce au Plan Bois Énergie et à la volonté commune de l’ensemble des acteurs (pouvoirs publics, professionnels, maîtres d’ouvrage, associations de développement des énergies renouvelables), en une quinzaine d’années de 1995 à 2010 environ, la filière bois énergie s’est structurée et est devenue réellement compétitive avec les autres sources énergies, en terme de service fourni, de fiabilité, d’approvisionnement.

2.2. Le rôle d’une association locale dans le développement de la filière bois énergie en Isère

À la fin des années 1970, alors que se poursuit le développement des énergies fossiles et fissiles des citoyens et des promoteurs des énergies renouvelables, convaincus que la seule voie possible est de maîtriser l’énergie et de valoriser les ressources énergétiques locales, se rassemblent dans des associations pour tenter de susciter un modèle énergétique alternatif.

En Isère, l’AGEDES fait partie de ces associations. D’abord orientée exclusivement sur la promotion du solaire (actif et passif), l’association, devenue AGEDEN en 1988, se dote progressivement de moyens, en partenariat avec la Région Rhône-Alpes et l’AFME (devenue ADEME), pour sensibiliser, informer sur la maîtrise de l’énergie et les énergies renouvelables, et développer des réalisations exemplaires.

Du fait de la ressource abondante et assez bien répartie sur le territoire, le bois énergie apparaît comme une filière prometteuse en Isère. L’AGEDEN va s’attacher à lui redonner une image moderne pour concurrencer les énergies classiques. Dans les années 1990, l’association se mobilise pour contribuer à relever les principaux défis suivants :

– rechercher et développer des solutions techniques performantes, pour satisfaire des besoins individuels  aussi bien que collectifs ;

– développer des filières d’approvisionnement avec des combustibles adaptés aux différents systèmes de chauffage ;

– trouver des maîtres d’ouvrage pionniers acceptant d’innover et de s’engager ;

– lutter contre le syndrome de l’œuf et de la poule : les maîtres d’ouvrage ne choisissent pas le bois énergie car la filière d’approvisionnement n’est pas mature et personne n’investit pour structurer la production de combustibles car il n’y a pas encore de chaufferies : il faut donc créer du lien entre l’offre et la demande.

L’association sera soutenue par les pouvoirs publics (Région, ADEME, Département) pour mettre en place des actions de développement de la filière bois énergie. Compte tenu de son expérience, elle deviendra référente de cette filière au sein du réseau Information Énergie Rhône Alpes (IERA).

2.2.1. Rechercher et développer des solutions techniques performantes et modernes

Pour lutter contre la perte de vitesse du chauffage central traditionnel avec chaudières bois bûches, il faut promouvoir la qualité en recommandant notamment l’usage de l’hydro-accumulation pour augmenter l’autonomie et éviter les combustions imparfaites à faible puissance. Il s’agit donc d’information et de conseil, qu’une association indépendante des vendeurs d’énergie et de matériel peut facilement porter auprès du grand public.

Il faut cependant aller plus loin. Pour offrir un service équivalent aux énergies fossiles et fissiles, l’AGEDEN souhaite développer le chauffage automatique au bois en utilisant le combustible sous d’autres formes comme cela est déjà le cas dans l’industrie du bois et dans d’autres pays. En fonction des combustibles, et de l’importance des besoins énergétiques à satisfaire, différents systèmes sont possibles pour l’alimentation  (vis sans fin, convoyeurs mécaniques, ponts roulants) et pour la combustion (foyer sec, foyers humides). Dans cette période de maturation  des technologies, l’association joue un rôle important en assurant la veille technologique, la capitalisation des premiers retours d’expérience et l’information.

Pour les besoins limités comme ceux des agriculteurs, des petits collectifs de logements et même les maisons individuelles, l’AGEDEN travaille avec quelques fabricants et installateurs pour réaliser les premières installations en  utilisant des plaquettes forestières. Les tentatives de développement de matériels à alimentation automatique avec deux fabricants de chaudières bois bûches français vont malheureusement échouer, car rapidement des matériels éprouvés depuis plusieurs décennies notamment en Suisse, en Autriche et en Allemagne entrent sur le marché français[2]. L’AGEDEN participe d’ailleurs aux échanges avec des partenaires soutiens des énergies renouvelables en Autriche pour bénéficier de leur expérience du développement de filière bois énergie locale.

Des formations courtes (avec visite d’installations) sont proposées régulièrement pour que les installateurs chauffagistes puissent découvrir ces nouvelles technologies et rencontrer des fournisseurs de combustibles.

C’est aussi entre 1990 et 2000 que l’AGEDEN accompagne les premières collectivités qui développeront des réseaux de chaleur avec une chaudière bois ainsi que des bailleurs sociaux désireux de mieux maîtriser les charges énergétiques de leurs logements. Les choix techniques ne sont pas simples : Quels types de chaudières (en fonction des combustibles) ? Quel principe (appoint – secours) ?  Quel échangeur dans les sous-stations de livraisons ? Quelle implantation de la chaufferie, des cheminées et du silo d’approvisionnement ?

2.2.2. Mettre au point des filières d’approvisionnement avec des combustibles adaptés aux différents systèmes de chauffage

Plaquettes, bois de rebuts broyés, sciures, écorces sont autant de combustibles qui nécessitent des technologies différentes pour assurer l’alimentation automatique et une bonne combustion. En cette fin de 20ème siècle les connaissances en la matière sont encore assez empiriques. Il faut aider les professionnels à développer la production de plaquettes forestières sèches, combustible adapté à la fois aux besoins des agriculteurs pour leur chauffage et à ceux des petites chaufferies communales. C’est donc assez logiquement que l’AGEDEN accompagne la création d’une CUMA (Coopérative d’utilisation de matériel agricole) dédiée à l’utilisation de broyeurs forestiers laquelle existe toujours en 2016  sous le nom de CUMA Bois énergie du Dauphiné. Progressivement, des compétences se sont ainsi développées dans le monde rural pour transformer petits bois, produits d’élagage et résidus d’exploitation forestière en nouveau « pétrole vert ».

2.2.3. Trouver des maîtres d’ouvrage pionniers

L’AGEDEN a pu sensibiliser et mobiliser des maîtres d’ouvrage pionniers acceptant de s’engager dans l’aventure de cette technologie nouvelle du chauffage automatique, grâce au soutien de ses partenaires publics. La démarche est fort simple : il faut donner envie à des maîtres d’ouvrage, intéressés et séduits par l’idée,  de passer au stade de projet  ce qui se concrétise, notamment,  par un premier engagement de dépenses dans une étude de faisabilité. Mais en amont, avant d’engager la moindre dépense, le maître d’ouvrage doit être mobilisé et rassuré : l’association réalise une pré- étude, organise des visites sur des installations existantes, participe à des réunions pour informer plus précisément, entre autres.

Ce sont ainsi des agriculteurs, un bailleur social, quelques communes qui s’engagent et finissent non sans difficultés par réaliser les premières chaufferies ou réseaux de chaleur au bois en Isère entre 1995 et 2000 : St Quentin sur Isère, Morette, Saint Marcelin, Miribel-Lanchâtre, OPAC38 dans le Vercors ainsi que quelques agriculteurs des Chambarans.

2.2.4. Favoriser le lien entre offre et demande

Pendant la phase d’émergence de la filière bois énergie, l’AGEDEN a clairement joué un rôle d’animation et de chaînon manquant entre la demande (maitres d’ouvrage, installateurs, fabricants) et l’offre (matière première à collecter, produire et distribuer).

En travaillant d’abord avec le monde agricole et forestier, l’AGEDEN a acquis de l’expérience par des réalisations avec des acteurs à la fois consommateurs et producteurs de bois énergie. Ayant développé des compétences pointues en travaillant avec quelques professionnels pionniers (installateurs et fabricants) et en suivant précisément les premières installations, l’association a pu accompagner efficacement les porteurs de projets et garantir la qualité des réalisations. Il s’agissait concrètement de vérifier l’adéquation entre les chaufferies et le combustible, de faire des recommandations concernant les livraisons, de définir des cahiers des charges pour la fourniture de combustible, de vérifier les premières livraisons puis d’intervenir pour analyser la situation en cas de dysfonctionnement. L’AGEDEN a capitalisé les retours d’expérience et a contribué à former les professionnels (bureaux d’études, maîtres d’œuvre, installateurs, fournisseurs) en aidant les maîtres d’ouvrage à formuler des exigences précises.

Aujourd’hui, les bonnes pratiques sont plutôt bien intégrées par les différents professionnels, même s’il faut rester vigilant. C’est surtout en amont des projets que les maîtres d’ouvrage doivent avoir un appui sur la stratégie à adopter : Quels efforts de maîtrise de l’énergie ? Quelle technique utiliser selon les besoins résiduels et le contexte local concernant ressource et approvisionnement ?

2.2.5. Fournir une information indépendante

Le développement du bois énergie doit aujourd’hui plus que jamais s’intégrer dans une démarche énergétique globale qui associe sobriété, efficacité et énergies renouvelables. Les progrès importants dans le domaine de la performance énergétique des bâtiments, dans le neuf ou en réhabilitation, ne s’opposent pas au développement du bois énergie. L’important est de cibler différemment les projets : de très grands ensembles peuvent être chauffés par des chaudières de taille modeste alors qu’un poêle à granulés peut suffire pour chauffer une maison individuelle.

Une association indépendante comme l’AGEDEN, sans intérêt économique dans la construction des chaufferies bois ou dans l’isolation, peut délivrer un message global visant à un objectif de performance énergétique et environnementale  qui ne privilégie aucune technique par rapport à une autre.

2.3. Le défi actuel : pérenniser une filière bois énergie « durable »

Après la phase de maturation technique de la filière bois énergie, de nouveaux défis apparaissent.

Le premier concerne la maîtrise de la ressource car une fois la démonstration faite de la fiabilité technique et de l’intérêt économique des chaufferies bois, des projets de taille de plus en plus importante voient le jour. La question de la disponibilité et de la pérennité de la ressource se pose rapidement car le bois n’est une énergie renouvelable qu’à condition de prévoir son renouvellement. Il faut absolument éviter des dérives qui inciteraient à faire des coupes rases de certaines forêts, près de notre habitat ou à l’autre bout du monde, et à utiliser des ressources susceptibles de plus nobles usages que d’être brûlées ! L’AGEDEN défend donc un développement progressif de la filière bois énergie pleinement intégré à l’évolution de la filière bois matériau, avec une adéquation entre la ressource disponible et les projets. Les démarches de territoire à énergie positive, portées par des collectivités locales, devraient permettre d’adapter une stratégie énergétique aux spécificités de la ressource locale

Le second défi à relever est celui de la pollution liée aux particules fines émises par la combustion du bois. Cette problématique mise en évidence par les ASQA (Association de surveillance de la qualité de l’air) est bien réelle mais elle revêt de très grandes disparités selon le type de combustion. Les systèmes de chauffage automatique émettent très peu de particules fines par rapport aux appareils individuels à bois bûches anciens et aux foyers ouverts. L’AGEDEN doit faire œuvre de pédagogie pour tenir compte de cette donnée sanitaire nouvelle et contribuer à mettre en place des mesures adaptées. Pour ce qui concerne les chaufferies automatiques les technologies sont déjà performantes, et elles continuent de progresser, rendant leur impact poussière très limité. En revanche, il faut surtout agir sur la modernisation du parc d’appareils anciens au bois bûche.

Un troisième défi permet de répondre en partie aux deux premiers : il s’agit d’intégrer le développement du bois énergie dans une démarche de performance énergétique globale, et donc de bien cibler les projets. Il ne faut pas perdre de vue les objectifs globaux de réduction des gaz à effet de serre et de diminution des consommations d’énergie. Comme le proposent certains scénarios de prospective énergétique : la part relative du bois énergie dans la consommation d’énergie totale doit augmenter considérablement, mais en valeur absolue on doit se contenter de ce qui est disponible sans nuire au renouvellement de la forêt.

 

3. Information conseil énergie : le rôle d’associations locales indépendantes auprès des particuliers

De la fin des années 1970 au début des années 1980, quelques permanences sont déjà assurées à Grenoble par des bénévoles de l’AGEDES pour accueillir des maîtres d’ouvrage souhaitant utiliser l’énergie solaire. Il faudra cependant près de 20 ans pour que se concrétise l’idée de développer un service d’intérêt général permettant d’informer le grand public sur les questions d’énergie.

Ce n’est qu’en 2000 que l’ADEME met en place à l’échelle nationale le service qui est aujourd’hui connu sous le nom d’Espace Information Énergie. En Rhône-Alpes, elle  cofinance avec la Région  ce service qui est confié à un réseau d’associations locales dont l’objet est la promotion des économies d’énergie et des énergies renouvelables. Parmi ces associations certaines ont une origine militante, comme l’AGEDEN en Isère, alors que d’autres sont des Agences locales de l’énergie (ALE) créées par les collectivités  comme celle installée en 1998  dans l’agglomération grenobloise. Chaque organisme porteur du service Espace Information Énergie signe une charte précisant les conditions de déploiement du service et les règles garantissant son indépendance.

Le service Espace Information Énergie vise à la fois à sensibiliser le grand public sur ces questions et à fournir un conseil personnalisé au téléphone ou sur rendez-vous en différents lieux de permanences. Depuis 2015, afin de faciliter l’accès du plus grand nombre à l’information, les deux organismes qui couvrent le territoire de l’Isère (ALEC pour la métropole grenobloise et AGEDEN pour le reste de l’Isère) ont mis en place un service unique d’accueil et d’information.

3.1. Le besoin d’un conseil indépendant et gratuit avant d’engager des travaux

En terme d’efficacité énergétique les choix sont multiples, les discours techniques et économiques souvent difficiles à comprendre. Les aides sont nombreuses et diverses  et leurs critères complexes : elles ont tendance à se focaliser sur des intérêts moins importants  que la baisse de la facture effective et durable ! En outre, l’obligation de faire appel à plusieurs entreprises et le  pilotage d’un chantier ne sont pas chose simple.

En résumé les particuliers ont du mal à s’y retrouver : ils sont soit en incapacité de faire un choix sur les aspects techniques et méthodologiques, soit séduits par les aides financières ou par des discours commerciaux efficaces. Dans tous les cas, le besoin d’un conseil indépendant des vendeurs d’énergie, des prestataires de services et de matériels est évident, pour rassurer les maîtres d’ouvrage, les orienter dans leur démarche et s’assurer de la qualité des réalisations.

Ce regard extérieur offert par l’Espace Information Énergie ne remplace en rien les préconisations des professionnels qui s’engagent juridiquement dans la réalisation des travaux et qui ont tout intérêt à satisfaire leur client. Il n’a pas non plus pour but de se substituer aux diagnostics énergétiques, à une analyse architecturale ou  à l’étude du plan de financement, parfois nécessaires, et encore moins à la maîtrise d’œuvre ou à la coordination de travaux.

Essentiellement positionné en amont des décisions, le conseil indépendant de l’Espace Information Énergie, favorise le passage à l’acte et les engagements de travaux. Il participe à un processus d’engagement des particuliers et de maturation des projets. Nombreux sont ceux qui, avant d’engager leurs travaux, commencent par poser une question sur les aides existantes, puis viennent en rendez-vous pour exposer leur projet et participent à une visite d’une rénovation performante. En 2016, les bénéficiaires ne sont cependant pas prêts à rémunérer ce service d’intérêt général qui doit donc être financé intégralement par les pouvoirs publics.

3.2. Sensibiliser à la sobriété énergétique

Les différents scénarios de transition énergétique, tels que ceux de « négaWatt » (Lire : Le scénario négaWatt 2011) révèlent l’importance de la sobriété énergétique dans l’évolution des besoins énergétiques futurs. Il ne faut donc pas s’intéresser à la seule réalisation de travaux mais également trouver des solutions pour faire évoluer les comportements qui ont un rôle non négligeable dans les consommations finales. En matière de comportement, les études ont montré que le changement ne pouvait être imposé mais qu’il fallait prévoir un processus d’engagement progressif (Lire : Sociologie de l’énergie: une brève introduction).

C’est pourquoi l’AGEDEN, s’appuyant notamment sur des expériences d’autres associations de Rhône-Alpes, a lancé des actions permettant aux personnes de s’intéresser d’abord à leurs propres consommations : prêt de matériel de mesures dont la caméra thermique ; concours Familles à énergie positive basé sur le suivi de ses propres consommations ou défi Classe énergie pour économiser l’énergie dans les écoles .

3.3. Développer des démarches citoyennes

Le développement des énergies renouvelables se heurte souvent à des oppositions locales fortes pour différentes raisons telles que la sauvegarde des paysages ou la protection de l’environnement. L’implication préalable des habitants et de l’ensemble des acteurs est donc indispensable en vue d’une appropriation de la démarche et du projet. Cela peut même constituer une opportunité pour développer des démarches citoyennes telles que l’investissement partagé dans un projet de production d’énergies renouvelables. Là encore, le conseil de l’AGEDEN vise à apporter un éclairage indépendant aux personnes intéressées. Il s’agit d’aider des collectifs, regroupant des collectivités et des citoyens, à structurer leur démarche.

L’AGEDEN association locale experte sur les questions d’énergie a clairement un rôle de catalyseur de la transition énergétique du fait de son expertise reconnue et de son statut garantissant son indépendance. Cela lui permet d’agir sur différents volets complémentaires.

 

4. Les conseils en énergie partagée de l’ALEC

Le Conseil en énergie partagée (CEP) est un service spécifique aux petites et moyennes collectivités qui consiste à partager les compétences en énergie d’un technicien spécialisé ce qui permet aux collectivités n’ayant pas des ressources internes suffisantes de mettre en place une politique énergétique maîtrisée et d’agir concrètement sur leur patrimoine pour réaliser des économies. Ce service a été défini précisément par l’ADEME en 2010.

Dès sa création, en 1998, l’ALE a proposé aux plus petites communes de son territoire (communes de moins de 10 000 habitants) de mettre en place un suivi des consommations et dépenses énergétiques de leur patrimoine. Quinze ans plus tard, le bilan se révèle très positif[3].

 

5. La rénovation thermique des logements privés sous l’impulsion de l’ALEC : campagne MUR/MUR

Parmi toutes les réalisations de l’ALEC, la campagne d’isolation MUR/MUR est la plus ambitieuse. Résultats de sa première étape (2010-14) sont riches d’enseignement pour sa seconde (2016-20).

Figure 1 : mur/mur

5.1. mur|mur 1: campagne isolation 2010-2014

Dans le cadre de son Plan Climat Local et de son Programme de l’habitat, Grenoble Alpes Métropole et ses partenaires (notamment certaines communes de la métropole grenobloise, l’ADEME, la Région Rhône-Alpes, l’ANAH, les fournisseurs d’énergie) ont lancé en mars 2010 un premier dispositif d’incitation, de soutien et d’accompagnement à la rénovation thermique des copropriétés privées qui a pris fin en 2014.

L’objectif visé était d’obtenir, au cours des cinq années, un vote de travaux de réhabilitation énergétique dans environ 100 copropriétés, représentant globalement 5 000 logements.

Cette opération se plaçait dans la continuité des opérations locales OPATB (Opération programmée d’amélioration thermique des bâtiments), menées auparavant à Grenoble et Échirolles, avec pour ambition de passer de l’exemplarité à la diffusion de bonnes pratiques à plus grande échelle.

5.1.1. Le contexte

2 000 copropriétés (soit 67 500 logements) ont été construites dans l’agglomération entre 1945 et 1975, à une époque où la réglementation en matière d’efficacité thermique n’existait pas. Ces logements,  qui sont les plus vulnérables sur le plan énergétique, représentent environ la moitié du parc collectif privé du territoire (Lire : La réhabilitation thermique dans le bâtiment en France).

En moyenne, une centaine de copropriétés engage des travaux de ravalement de façade chaque année. Pour Grenoble-Alpes Métropole, ces travaux sont l’occasion idéale d’engager des travaux complémentaires de rénovation thermique.

5.1.2.Éligibilité

Étaient éligibles au dispositif mur/mur  les copropriétés privées de logements :

– situées sur l’une des communes de la Métro ;

– construites entre 1945 et 1975 (date d’obtention ou de dépôt du permis de construire) ;

– d’au moins deux logements, au moins deux copropriétaires, dans un même ensemble bâti de trois niveaux au minimum, à vocation principale d’habitation, devant procéder à un vote en assemblée générale pour choisir un bouquet de travaux ;

– et souhaitant réduire significativement leurs besoins de chauffage en diminuant leurs déperditions thermiques grâce à une isolation performante de leurs bâtiments.

5.1.3. Aides financières

Des aides financières de deux types ont été proposées.

– soit des subventions globales (de 10 à plus de 40 % du montant HT des travaux) attribuées au syndicat de copropriété et bénéficiant donc à l’ensemble des copropriétaires, dont le montant  dépendait de l’ampleur des travaux réalisés ; sur cette base, plus le volume de travaux était ambitieux, plus les économies d’énergie seraient importantes et plus la subvention allouée était élevée ;

– soit des subventions individuelles, attribuées sous conditions de ressources pour les propriétaires occupants, et de loyers pratiqués pour les propriétaires bailleurs ; pour les foyers les plus modestes, les aides cumulées pouvaient atteindre 80 % du montant HT des travaux, voire davantage.

Ces subventions étaient cumulables avec les aides de droit commun : crédit d’impôt développement durable ou éco-prêt à taux zéro.

5.1.4. Accompagnement technique et administratif

Les copropriétés intéressées ont été gratuitement accompagnées tout au long de la démarche par des professionnels de l’ALEC et du Pacte de l’Isère : réalisation d’un conseil personnalisé indépendant et simulation financière, aide à la mobilisation des copropriétaires, à la prise de décision et à la constitution des dossiers administratifs individuels, assistance technique puis suivi des consommations après réalisation des travaux.

5.1.5. Travaux subventionnés

Les travaux, pour bénéficier des subventions, devaient être choisis parmi trois bouquets :

– rénovation progressive : isolation des façades et des pignons.

– rénovation complète : isolation des façades et pignons, des toitures et des planchers bas.

– rénovation exemplaire : rénovation complète + changement des fenêtres et traitement de la ventilation.

5.1.6. Le bilan de mur/mur 2010-2014

L’objectif de 5 000 logements a presque été atteint puisque les votes de travaux ont concerné 4467 logements, répartis dans 84 copropriétés. Ces résultats sont satisfaisants à plusieurs égards :

–  les ménages les plus démunis se sont bien inscrits dans la dynamique du dispositif (les aides de Grenoble-Alpes Métropole ont permis de couvrir jusqu’à 90% des travaux des plus modestes) ;

– le système d’aides aux travaux s’est avéré incitatif ;

– le volume de rénovation est très significatif et unique sur le territoire national.

De façon plus précise, en mars 2015 :

– 176 copropriétés (soit près de 10 000 logements) ont bénéficié d’un accompagnement personnalisé de l’ALEC ;

84 copropriétés (soit 4 467 logements concernés) ont engagé des travaux avec le soutien du dispositif mur/mur, soit 55% de propriétaires occupants et 45% de propriétaires bailleurs ;

– au 1er mars 2015, l’avancement des travaux était le suivant :

  • chantiers terminés : 27 copropriétés (soit 1 263 logements)
  • chantiers en cours : 30 copropriétés (soit 1 841 logements)
  • chantiers en phase de démarrage : 27 copropriétés (1 363 logements) ;

– au total 61 millions d’euros de travaux ont ainsi été engagés par les copropriétés, avec un soutien de 13,2 millions d’euros de Grenoble-Alpes Métropole et des 12 communes partenaires[4]*, complétés par 9,4 millions d’euros des autres partenaires (ANAH, fournisseurs d’énergie, ADEME et État).

À l’achèvement de la campagne mur/mur fin 2014, outre une évaluation des résultats susceptible de nourrir un mur/mur 2, un accompagnement post-travaux a également été proposé aux copropriétaires, tant sur le plan technique que comportemental. Les actions portent sur :

  • l’évaluation des consommations après travaux ;
  • la mise en place d’un observatoire des coûts de travaux ;
  • l’évaluation de la satisfaction et du confort des habitants ;
  • l’accompagnement aux changements de comportements ;
  • l’optimisation du fonctionnement des installations de chauffage collectif.

En décembre 2013, le premier Palmarès 2013 des initiatives locales pour la rénovation énergétique a récompensé Grenoble Alpes Métropole  pour son dispositif Mur/Mur campagne isolation.

L’appel à projet, lancé conjointement par le ministère de l’Égalité des territoires et du Logement et le ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, a ainsi distingué dix initiatives en France, Grenoble Alpes Métropole ayant reçu le prix accompagnement.

5.2. mur/mur 2 : 2016-2020

Suite au succès de l’opération mur/mur 1, Grenoble Alpes métropole a voté un élargissement de son dispositif. La nouvelle campagne d’isolation thermique mur/mur 2 a vu le jour au printemps 2016. Elle doit permettre à de nouveaux types de logements de bénéficier d’un accompagnement et de services adaptés : plus de copropriétés construites entre 1945-1975, des copropriétés construites avant 1945 et après 1975, ainsi que des maisons individuelles.

Inciter les projets de rénovation ambitieux, accompagner le propriétaire de maison individuelle dans son projet en lui proposant un interlocuteur unique, proposer des solutions de financement, c’est l’ambition que la Métropole souhaite construire avec les entreprises de la rénovation.

Dans la conduite de mur/mur 2, l’ALEC est impliquée à deux niveaux.

Au titre de la définition et la préparation du dispositif, elle s’est mobilisée aux côtés de Grenoble-Alpes Métropole  dans la préparation de la plateforme mur/mur 2, en contribuant à différents chantiers complémentaires :

– un travail sur les référentiels techniques et les parcours de services pour les 3 cibles de l’opération (copropriétés 1945-1975, autres copropriétés, maisons individuelles) ;

– la définition d’une offre de services sur le monitoring des consommations et la régulation active ;

– le montage des partenariats  avec les groupements d’entreprises, les fédérations professionnelles, les syndics de copropriétés et autres ;

– la préparation des actions de communication.

Au titre de l’accompagnement opérationnel des maîtres d’ouvrages, selon les différents parcours de services mis en place,  l’ALEC est le point d’accueil unique pour tous les porteurs de projets de rénovation (en copropriété ou en maison individuelle), afin de les conseiller et de suivre l’avancement des projets[5].

 

6. Les défis « Écoles et collèges à énergie positive ».

Porté et financé par Grenoble Alpes métropole, en partenariat avec l’ALEC, le défi des écoles à énergie positive est en place depuis 2013. Il est construit à l’image de celui des familles à énergie positive. Les équipes, classes + communes, doivent réduire leurs consommations d’énergies (électricité et chauffage) par des changements d’habitudes et des actions nécessitant un investissement très limité.

6.1. Le défi « Écoles à énergie positive »

À partir de janvier 2013, l’ALEC a participé activement au montage du projet en collaboration avec Grenoble Alpes Métropole, les services de l’éducation nationale (DSDEN et ESPE), l’AGEDEN et l’ADTC.

L’objectif éducatif principal de ce défi est de sensibiliser les enfants de cycle 3 (CE2, CM1, CM2 et CLIS) aux enjeux des économies d’énergie. Les enseignants des classes participantes suivent un programme de formation continue de 18h élaboré en partenariat avec l’éducation nationale. Pour ce faire, ils doivent être accompagnés sur les plans technique et pédagogique dans le montage de leurs projets de classe. Des interventions pédagogiques dans les classes sont aussi proposées aux enseignants par l’AGEDEN et l’ADTC sur le thème de l’énergie et sur d’autres thématiques s’y rapportant (transport, changement climatique, pollution de l’air, notamment).

Les enseignants construisent leur projet avec les élèves afin de les sensibiliser aux économies d’énergie. Chaque classe participante produit un support de valorisation du travail accompli qui répond à plusieurs fonctions :

–  sensibiliser les autres usagers de l’école,

–  faire un retour au jury chargé de départager les écoles,

–  présenter aux autres élèves le défi lors de la journée festive de fin de projet.

Les enseignants ont accès à diverses ressources techniques et suivent un programme d’accompagnement pédagogique dans le cadre de leur formation continue obligatoire. Des animations pédagogiques en classe sont proposées en fonction des demandes de l’enseignant. Un référent de la commune (élu et/ou agent) est désigné pour suivre et faciliter la réalisation du projet de la classe.

Entre 2013 et 2016, 44 classes de l’agglomération ont relevé le défi, soit environ 1250 élèves. Afin de récompenser les écoliers, un événement festif de clôture  a été organisé chaque année au mois de mai. Au programme : spectacle, ateliers sur l’énergie et les éco-gestes, présentation des projets réalisés par les classes et échanges d’expériences.

Diverses d’actions ont été  présentées par les élèves : chansons, chorégraphies, slogans, pictogrammes, affiches, romans photos, saynètes, films, écriture d’une lettre au maire pour régler des dysfonctionnements, enregistrement et analyse des températures dans la classe, maquette de la chaufferie de l’école.

La mission de l’ALEC dans ce défi  a été double :

– coordonner les projets pédagogiques dans les écoles : aide à la définition du projet, lien avec les intervenants, aide au montage et à la réalisation de la formation des enseignants, aide au pilotage auprès de Grenoble-Alpes-Métropole, aide au montage et à la réalisation de l’événement festif ;

– accompagner techniquement la commune et l’école dans le suivi des consommations du bâtiment, sa bonne gestion énergétique et la réalisation du bilan des économies réalisées par les écoles[6].

6.2. Le défi « Collèges à énergie positive »

Séduit par le défi « Écoles à énergie positive », le Département de l’Isère a sollicité l’ALEC et l’AGEDEN pour mener une action s’en inspirant dans ses collèges. Les deux organismes ont travaillé en collaboration pour construire cette action proposée aux enseignants de physique et de technologie. L’objectif pour les élèves est de réaliser l’audit énergétique de leur collège, puis de formuler des préconisations susceptibles de réduire ses consommations énergétiques.

Ces préconisations sont présentées en fin d’année aux responsables de la gestion du bâtiment qui en retiennent une ou plusieurs et planifient les travaux qui en découlent. À cet effet, le Département alloue une aide aux établissements pour la réalisation de petits travaux.

L’ALEC a deux missions principales dans ce défi :

– contribuer à la mise en place de l’action dans les établissements ciblés : aide au montage du projet, planification des interventions et rédaction d’un guide d’audit, outil pédagogique servant de fil conducteur à l’action tout au long de l’année ;

– accompagner l’enseignant dans son projet pédagogique : réunions de préparation, échanges et interventions en classe à des moments clés du projet (visite de la chaufferie, séance de travail avec les élèves sur les préconisations, événement de restitution).

Après un test sur deux établissements en 2014/2015, le projet a été étendu à  cinq collèges en 2015/2016. En outre, une réflexion a été engagée avec les enseignants sur la façon d’impliquer d’avantage les autres usagers du bâtiment, comme le gestionnaire, le personnel d’entretien et les autres élèves.

 

7.  Le défi « Familles à énergie positive »

Pour la cinquième année consécutive, l’ALEC a animé le défi « Familles à énergie positive » sur la métropole grenobloise au cours de l’hiver 2015-2016. Ce défi avait été créé, en 2008, par l’association PRIORITERRE, en Haute Savoie, avec l’objectif de mettre en compétition des équipes d’une dizaine de familles, qui représentent leur commune ou leur entreprise, et qui cherchent à réaliser les économies d’énergies les plus importantes possibles à l’aide de seules actions comportementales.

Au sein de chaque équipe, un capitaine bénéficie d’une formation aux outils mis en place par l’ALEC et fait le lien avec les familles. Celles-ci sont réunies à l’occasion de trois évènements, entre novembre et mai.

Le défi consiste à atteindre 8 % d’économies d’énergie par équipe, par rapport à l’hiver précédent. Cette année, l’économie moyenne des foyers participants sur leurs consommations d’énergie a été de 12,4 %  soit environ 200 euros d’économie sur la facture annuelle des foyers  et un total de 167 000 kwh économisés sur la métropole.

Au-delà de la sensibilisation des participants aux économies d’énergie et d’eau dans leur logement, le défi intègre un volet mobilité depuis 2012. Sur les cinq éditions, près de 600 familles ont relevé le défi sur la métropole grenobloise[7].

 


Annexe : Sigles/acronymes

ADEME – Agence de l’Environnement et de la maîtrise de l’Energie

ADIL – Agence Départementale d’Information sur le logement (?)

ADTC – Association pour le Développement des  Transports en Commun

AFME – Agence Française pour la Maîtrise de l’Energie

AFODER – (?)

AGEDEN – Association pour une Gestion Durable de l’ENergie

AGEDES – Agence Grenobloise (?)

AHSDES- (?)

ALE – Agence Locale de l’Energie

ALEC –  Agence Locale de l’Energie et du Climat

ALEDES -Agence Lyonnaise (?)

ANAH – Agence Nationale de l’Habitat

ASDER – Association Savoyarde pour le Développement des Energies Renouvelables

ASQA – Association de Surveillance de la Qualité de l’Air

CAUE – Conseil Architecture Urbanisme Environnement

CEDER – Centre pour l’Environnement et le Développement des Energies Renouvelables

CEP – Conseil en Energie Partagée

CLER RA –  Comité de Liaison Energies Renouvelables  Rhône Alpes (?)

CUMA – Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole

DSDEN – Direction des Services Départementaux de l’Education Nationale de l’Isère

EE 74 – (?)

EIE – Espace Info Energie

ESPE – Ecole Supérieure du Professorat et de l’Education

FLAM E – Fédération des Agences Locales de Maîtrise de l’Energie et du Climat

HELIANTE – (?)

HELIOSE – (?)

HESPUL – (?)

IERA – Information Energie Rhône Alpes

ISA – (?)

LETCV – Loi sur la Transition Energétique et la Croissance Verte

OPATB – Opération programmée d’Amélioration des Bâtiments

PACT – Propagande et Action contre les Taudis

PCAET – Plan Climat Air Energie Territorial

PHEBUS – (?)

POLENERGIE – (?)

PIE  -(?)

PRIORITERRE – (?)

SAVE – (?)

SRCAE – Schéma Régional Climat Air Energie

TEPOS – Territoire à Energie POSitive

 


Notes et références

[1] On trouvera en annexe le développement des très nombreux sigles/acronymes utilisés ci-après.

[2] Ne sont pas développées dans cet article les raisons qui ont fait que la France n’a pas su faire émerger des fabricants  français de matériel énergies renouvelables, alors que les allemands, autrichiens, suisses et danois ont capté ce marché dans les années 2000, que ce soit pour les chaudières automatiques au bois, les éoliennes ou les capteurs solaires.  Cela mériterait une analyse comparative qui va sans doute bien au-delà du secteur de l’énergie et concerne l’ensemble de la production industrielle.

[3] Le dossier n°10 de l’ALEC  de décembre 2012 « SUIVRE LES CONSOMMATIONS ENERGETIQUES Comment, pourquoi ? » restitue les enseignements tirés de quinze années d’accompagnement d’acteurs publics dans la mise en place de suivi énergétique. Il s’articule autour des paragraphes suivants :

  • Mettre en place le suivi énergétique d’un patrimoine  avec un cahier pratique du responsable énergie ;
  • Gérer les bâtiments au quotidien : télégestion et télé suivi ;
  • Et demain ? Faire communiquer les bâtiments intelligents et les réseaux intelligents

Cliquez ici pour consulter le dossier de l’ALEC n°10

[4] Échirolles, Fontaine, Gières, Grenoble, La Tronche, Meylan, Pont-de-Claix, Saint-Martin-d’Hères, Sassenage, Seyssinet, Saint-Égrève, Saint-Martin-le-Vinoux.

[5]  Consultez le site de la métro

[6] Consultez la plaquette « Écoles à énergie positive »

[7] Consultez le « guide des 100 éco gestes » Pour plus d’informations, consultez la plaquette « Relevez le défi »

 


L’Encyclopédie de l’Énergie est publiée par l’Association des Encyclopédies de l’Environnement et de l’Énergie (www.a3e.fr), contractuellement liée à l’université Grenoble Alpes et à Grenoble INP, et parrainée par l’Académie des sciences.

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