Transition des systèmes de production d’énergie électrique en Amérique latine et aux Caraïbes (2007-2017) : diagnostic et solutions systémiques

Cet article, initialement publié en français dans la revue ENERLAC en juin 2020 sous le titre « Transición de los sistemas de energía eléctrica en América Latina y el Caribe (2007-2017) : Diagnóstico y alternativas sistémicas », a été traduit en français par Rachel Poquet et Arnaud Picq, sous la supervision de Thierry Nallet. Formation : Master LEA Traduction spécialisée multilingue, Université Grenoble Alpes. Tous ces intervenants sont sincèrement remerciés.

 

Étant donné l’urgence d’amorcer une transition vers un développement durable accepté par la société, la question des transitions énergétiques est devenue prégnante ces derniers temps. Ce travail vise à étudier la transition qu’ont vécue les systèmes de production d’énergie électrique en Amérique latine et aux Caraïbes (ALC) au cours de la décennie 2007-2017. L’article débute par un bref passage en revue de la littérature scientifique portant sur ce thème, se poursuit par l’étude de données historiques concernant la composition du mix énergétique et des sources d’énergie électrique au cours de cette période et se termine par l’exposition de trois solutions systémiques qui pourraient faire basculer le développement énergétique vers la durabilité. Bien que des atouts, voire des opportunités favorables à une amélioration, aient été mis en évidence, la région doit encore faire face à de multiples défis.

 

1. Introduction

Le terme de transition est largement utilisé dans les disciplines scientifiques pour faire référence à un processus de changement dans un système qui évolue d’un état vers un autre, à cause d’un phénomène de rupture non linéaire. Évidemment, ce changement est le résultat de nombreuses interactions qui ont cours dans différents domaines et à différents niveaux. Il s’agit d’un champ à la fois multi-, inter- et trans-disciplinaire où il est permis d’établir des liens entre différentes disciplines et d’étudier les défis majeurs auxquels la société est confrontée (Loorbach, Frantzeskaki et Avelino, 2017).

De nos jours, les processus de transition énergétique se caractérisent notamment par cette transdisciplinarité en mettant en relation de multiples éléments, parmi lesquels se distinguent l’innovation technologique, les évolutions dans la manière dont on utilise et produit l’énergie, la transformation des caractéristiques sociales du système (énergétique), l’implication d’un nombre de plus en plus important d’acteurs, la décentralisation et une tendance au développement de stratégies collectives d’administration des ressources (Hansen, Liu et Morrison, 2019). Il est ainsi urgent de comprendre que les transitions énergétiques dépendent d’une série d’acteurs et de facteurs. C’est pourquoi l’interaction complexe de ces derniers, de même que les décisions et les forces en présence, détermineront l’existence, la vitesse et la nature des mutations (Fouquet, 2016).

Une analyse rigoureuse des transitions énergétiques n’implique pas seulement de prendre en considération l’émergence d’une énergie produite à partir d’une nouvelle ressource, mais elle impose aussi d’étudier la substitution d’une source d’énergie par une autre (York et Bell, 2019). Si l’on s’en tient à cette définition, on se rend compte qu’il n’existe pas d’études qui s’intéressent à la transformation qui a eu lieu ces dernières années dans les systèmes d’énergie électrique en Amérique latine et aux Caraïbes (ALC). Au vu de cet état de fait et avec la volonté de réparer ce manque, cet article a pour objectif principal de déterminer ce qui s’est passé en Amérique latine durant la décennie 2007-2017. Après cette première analyse, nous pourrons aborder un deuxième sujet qui consiste à étudier des solutions qui garantiraient un développement électrique conforme aux besoins et exigences du monde contemporain.

Selon les archives de l’Organisation latino-américaine de l’énergie (OLADE) et le rapport d’analyse concernant le marché des énergies renouvelables en Amérique latine de l’Agence internationale des énergies renouvelables (IRENA) de 2016, la région a connu une augmentation sensible de l’utilisation des sources d’énergies renouvelables non conventionnelles à partir de la décennie 2010. Cependant, étant donné que le présent article poursuit l’objectif de mettre en évidence les changements vécus par le sous-continent en ce qui concerne la substitution des sources d’énergie, la période analysée s’étend sur une dizaine d’années (2007-2017). En effet, une durée inférieure ne permettrait pas de rendre compte des véritables transformations (Kieffer et alii, 2016 ; OLADE, 2019). Globalement, entre 2007 et 2017, le mix énergétique des 27 pays membres de l’OLADE a augmenté sa capacité installée de 50 %. En ce qui concerne la composition des mix en 2007, 95,7 % de la capacité installée correspondait à de l’énergie hydroélectrique et thermoélectrique, tandis qu’en 2017, cette part est descendue à 86,9 % du fait de l’émergence de nouvelles sources d’énergie. En effet, les énergies solaire, éolienne, géothermique et thermique renouvelable comptaient pour 11,7 % de la puissance électrique installée (OLADE, 2019).

La suite de l’article se structure de la manière suivante. En premier lieu, nous aborderons la méthodologie employée et la littérature la plus récente se rapportant à ce sujet. Ensuite, nous étudierons les données correspondant à la composition du mix énergétique et à la production électrique dans la région. Dans un troisième temps, nous verrons quelques solutions systémiques pour mener une transition vers un système durable. Enfin, quelques conclusions seront présentées.

 

2. Méthodologie et stratégie

Étant donné que l’objectif central de cette étude est de rendre compte de ce qui s’est passé en Amérique latine et aux Caraïbes entre les années 2007 et 2017, quatre thématiques seront abordées. En premier lieu, nous aborderons la littérature la plus récente en lien avec les mutations énergétiques qui ont eu lieu dans la région durant la période étudiée. Dans un second temps, nous traiterons et examinerons les données de 27 pays du sous-continent (les pays membres de l’OLADE). Troisièmement, nous proposerons trois solutions systémiques compatibles entre elles, qui découlent des résultats de l’analyse des deux premières parties et permettraient d’orienter le développement électrique de la région vers un nouveau modèle durable. Dans une quatrième et dernière partie, nous passerons en revue une série de réflexions émanant du travail développé dans les parties antérieures.

Il convient de préciser que le traitement des données consiste à établir un profil pour chacun des 27 pays étudiés, c’est-à-dire établir le détail du mix énergétique (en mégawatt), de la production d’énergie électrique pour chaque source (en gigawatt-heure) et du niveau d’électrification (en %) par année durant la période comprise entre 2007 et 2017. Il devient alors possible d’identifier l’émergence de nouvelles sources d’énergie, la mutation vers d’autres systèmes reposant dans une large (ou moindre) mesure sur les énergies renouvelables et les progrès dans l’accès à l’électricité pour la population, que ce soit au cas par cas pour chacune des nations ou de manière globale pour toute l’ALC.

 

3. Passage en revue de la littérature scientifique

Puisque le sujet de cet article concerne l’analyse des mutations énergétiques en ALC entre 2007 et 2017, nous avons étudié la littérature qui traite de ce sujet durant cette période précise. Cela a permis d’ouvrir trois nouvelles pistes d’étude : tout d’abord, l’étude des projections de scénarios locaux et régionaux associés à l’intégration de nouvelles sources énergétiques renouvelables non conventionnelles ; puis une deuxième piste qui traite des politiques qui permettent et favorisent les transformations ; finalement, la troisième traite des considérations sociales associées aux mutations énergétiques.

Aghahosseini et alii (2019) se demandent si un système basé à 100 % sur des énergies renouvelables est compatible avec un réseau électrique continental et l’emploi de techniques de stockage. Cette étude conclut qu’il est possible de couvrir la demande d’énergie électrique d’ici à 2030 avec 100 % d’énergies renouvelables, en misant sur les technologies solaire, photovoltaïque et éolienne. La présence de ces ressources au sein du sous-continent et l’utilisation optimisée d’un éventuel réseau de transfert d’énergie panaméricain et des dispositifs de stockage rendraient possible un système rentable et fiable.

Au sujet de l’électrification de la région, Sheinbaum-Pardo et Ruiz (2012) signalent que l’accès à l’électricité pour tous pourrait se concrétiser en 2030, pourvu que la capacité de production augmente de 10 TWh. Pour ce faire et en tenant compte du mix énergétique de la région en 2008, un investissement de 2 000 milliards de dollars US serait nécessaire entre 2010 et 2030, ce à quoi s’ajouteraient des émissions supplémentaires de CO2 de l’ordre de 2,19 Mt, même si l’usage d’énergies renouvelables pourrait réduire cette quantité d’émissions (Sheinbaum-Pardo y Ruiz, 2012).

D’un point de vue anthropologique, Howe (2015) reconnaît le rôle d’avant-garde tenu historiquement par la région latino-américaine en matière d’usage des énergies renouvelables. Il signale cependant que les combustibles fossiles ont été systématiquement exploités en parallèle. De même, des projets énergétiques de grande ampleur ont été développés et guidés par des intérêts corporatifs sans consentement de la part des communautés concernées, ce qui a eu des effets délétères sur l’environnement et sur la qualité de vie de la population (Howe, 2015). Parker (2018) souligne aussi le fait qu’une transition énergétique doit inclure la concertation avec les acteurs sociaux qui peuvent promouvoir ou freiner les mutations en fonction de leurs valeurs et principes culturels. Les consommateurs d’énergie jouent un rôle fondamental. Ainsi, il convient aussi de mettre en évidence le fait que les élites de la région, en tant qu’acteurs énergétiques de premier plan, ont préféré maintenir une économie de croissance, ainsi que leur indépendance et leur sécurité au lieu d’œuvrer pour garantir une consommation d’énergie durable (Parker, 2018).

D’un point de vue politique, il est indispensable de citer le travail de Ruiz-Mendoza et Sheinbaum-Pardo (2010), dans lequel sont présentées et comparées des politiques concernant le secteur électrique de quatre pays de la région : l’Argentine, la Colombie, le Mexique et le Brésil. Deux tendances ont été observées à partir de 1990 : tout d’abord, la mise en place de politiques tendant à la libéralisation du secteur et, deuxièmement, la programmation d’objectifs concernant le changement climatique (Janet Ruiz-Mendoza et Sheinbaum-Pardo, 2010). À cela s’ajoute le fait que Jacobs et alii (2013) ont passé en revue l’expérience des tarifs de rachat [1] en ALC et ont conclu que dans les cinq pays où des régulations de ce type avaient été adoptées, les résultats n’ont pas été à la hauteur des espérances quant à la consolidation de nouvelles sources d’énergie, même si cela serait dû entre autres aux incertitudes politiques (Jacobs et alii, 2013). Par ailleurs, Zabaloy et alii (2019) présentent une étude comparative dans laquelle est examiné l’état des politiques d’efficience énergétique consacrées aux quartiers résidentiels au Chili, en Uruguay, en Argentine et au Brésil, et en ont conclu qu’il existe un lien direct entre la mise en place réussie de ces régulations et le contexte de chaque pays (Zabaloy, Recalde et Guzowski, 2019).

 

4. Analyse des données de 2007 à 2017

À partir des archives de l’OLADE, l’évolution des mix énergétiques de 27 pays de l’ALC entre 2007 et 2017 a été étudiée. Parmi eux figurent : l’Argentine (AR), la Barbade (BB), le Belize (BZ), la Bolivie (BO), le Brésil (BR), le Chili (CL), la Colombie (CO), le Costa Rica (CR), Cuba (CU), l’Équateur (EC), le Salvador (SV), la Grenade (GD), le Guatemala (GT), le Guyana (GY), Haïti (HT), le Honduras (HN), la Jamaïque (JM), le Mexique (MX), le Nicaragua (NI), le Panama (PA), le Paraguay (PY), le Pérou (PE), la République dominicaine (DO), le Suriname (SR), Trinidad et Tobago (TT), l’Uruguay (UY) et le Venezuela (VE). La figure 1 montre en valeurs proportionnelles comment se compose le mix énergétique de la région tout au long de la décennie étudiée. Il est important de préciser que la capacité installée augmente de 50 %, passant de 277 100 MW en 2007 à 414 644 MW en 2017 (OLADE, 2019).

Il est aussi nécessaire d’indiquer que par la suite, l’étude de l’hydroélectricité (sans égard à la taille ou au type d’équipement) se fait indépendamment des autres sources d’énergie renouvelables[2], car la région s’appuie sur une tradition forte d’usage de cette ressource. Par conséquent, il est pertinent d’étudier son évolution au cours du temps de manière distincte et de pouvoir observer dans le même temps l’émergence des énergies solaire, éolienne, géothermique et thermique renouvelable dans un groupe à part entière.

L’année 2010 a marqué le début d’une croissance soutenue et ambitieuse pour les énergies éolienne et photovoltaïque, avec une capacité installée de 1 513 MW (pour les deux énergies confondues) en 2010 et une puissance de 26 013 MW en 2017. Cette augmentation de 1 619 % (24 500 MW) est donc significative. Cependant, ces énergies ne représentent encore qu’une faible proportion de la puissance totale installée dans la région, de l’ordre de 6,3 % en 2017. Par ailleurs, en 2017 le mix énergétique régional était composé à 45 % d’hydroélectricité et à 41,9 % d’énergie thermique non renouvelable. À ce propos, le rapport World Energy Trilemma Index (2019) du Conseil mondial de l’énergie (WEC) défend que l’approvisionnement en énergie est vulnérable face aux aléas climatiques du fait que le mix énergétique n’est pas très diversifié et ne peut pas affronter ni surmonter les problématiques telles que les sécheresses longues et répétées ou les phénomènes météorologiques El Niño et La Niña (World Energy Council, 2019).

 

Figure 1. Composition chronologique (2007-2017) du mix énergétique électrique en % de 27 pays d’Amérique latine et des Caraïbes.
Source : travail réalisé par l’auteur avec des données de l’OLADE (2019).

 

Il convient de relever que dans l’ensemble, la région ALC dispose de technologies de production d’énergie propre puisque sur les 1 751 295 000 tonnes de CO2 émises en 2017, seuls 22 % étaient issus de la production d’électricité (OLADE, 2019). Cette même année, 11 des 27 pays analysés présentaient un mix énergétique composé à plus de 50 % d’hydroélectricité, d’énergie solaire, éolienne, thermique renouvelable et géothermique. Le Paraguay avec 99,9 % de son mix électrique constitué d’hydroélectricité ou le Costa Rica, le Brésil et l’Uruguay, dont les mix énergétiques étaient respectivement composés à 84 %, 82 % et 82 % par un mélange d’énergie solaire, éolienne, issue de la biomasse, géothermique et hydroélectrique, se distinguent particulièrement. À l’inverse, pour la même année, huit pays affichaient des structures de production d’électricité installée reposant à plus de 80 % sur la transformation de combustibles fossiles en énergie électrique. Il s’agit de la Barbade, Cuba, la Grenade, le Guyana, Haïti, la Jamaïque, la République dominicaine et Trinidad et Tobago. Niles et Lloyd (2013) ont mis en évidence le fait que de nombreuses îles des Caraïbes sont dépendantes de l’importation de combustibles fossiles. Il est de ce fait urgent de concentrer les efforts sur l’intégration de nouvelles sources d’énergie dans cette région (Niles et Lloyd, 2013).

La décennie 2007-2017 s’est traduite par des mutations pour quelques pays qui se sont tournés vers des technologies basées sur les sources d’énergie renouvelables non conventionnelles et ont délaissé le développement de projets impliquant des énergies thermiques conventionnelles. Ainsi, les pays qui ont vécu la plus grande mutation de leurs mix énergétiques (au bénéfice des énergies renouvelables, hormis l’énergie hydroélectrique) sont l’Uruguay, le Honduras, le Guatemala, le Chili et le Brésil. Dans la figure 2, on peut remarquer que l’Uruguay n’avait en 2007 que 7 % de son mix énergétique couvert par des énergies renouvelables (hormis l’hydroélectricité), alors qu’en 2017, ce taux est passé à 48 %. Un cas qui fait figure d’exception dans la région est l’Équateur dont le mix énergétique a connu une conversion vers l’hydroélectricité. La capacité installée y est passée de 46 % en 2007 à 56 % en 2017. Quant au Venezuela, il s’illustre pour s’être tourné vers la thermoélectricité. En effet, il a doublé sa capacité installée en la matière sur la période étudiée, de 7 943 MW à 16 722 MW d’énergie thermique installée.

 

Figure 2. Les cinq pays à avoir réalisé la plus grande mutation vers les énergies renouvelables (hormis l’hydroélectricité) durant la décennie 2007-2017. Proportion d’énergie renouvelable dans le mix énergétique.

 

En considérant les mégawatts installés, les pays qui ont développé le plus de technologies renouvelables non conventionnelles (hormis l’hydroélectricité) durant la décennie étudiée sont le Brésil, le Mexique, le Chili, l’Uruguay et le Guatemala avec respectivement 23 864 MW, 6 559 MW, 3 573 MW, 2 006 MW et 958 MW. Au Mexique, au Brésil et en Uruguay, une tendance au développement de l’éolien s’esquisse alors qu’au Chili, c’est le solaire qui concentre l’attention. Quant au Guatemala, il a décidé d’exploiter l’énergie thermique renouvelable.

En ce qui concerne la production d’électricité tout au long de la décennie étudiée, celle-ci a connu une augmentation de 33 %, et ce principalement grâce au développement des énergies solaire, éolienne et thermique renouvelables, en plus de l’augmentation de 52 % de la production à partir de combustibles fossiles. Malgré un développement de la capacité installée d’hydroélectricité, sa production n’a augmenté que de 6 %, une donnée symptomatique des contraintes climatiques, notamment les sécheresses. Il faut donc se demander si le développement de cette source d’énergie dans le mix énergétique est judicieux, car une plus grande capacité installée n’assurera pas une augmentation de la production si les ressources en eau viennent à manquer (figure 3).

 

 

Figure 3. Production d’électricité par source d’énergie entre 2007 et 2017 dans 27 pays d’Amérique latine et des Caraïbes. Source : travail réalisé par l’auteur avec des données de l’OLADE (2019).

 

En 2017, 15 des 27 pays étudiés ont généré plus de 50 % de leur électricité grâce aux énergies hydroélectrique, solaire, éolienne, thermique renouvelable et géothermique. Cinq pays se sont néanmoins démarqués : le Paraguay qui a produit 100 % de son électricité grâce à l’hydroélectricité, ainsi que le Costa Rica, l’Uruguay, la Colombie et le Brésil qui ont produit respectivement 100 %, 98 %, 87 % et 87 % de leur électricité à partir d’énergies hydroélectrique, solaire, éolienne, thermique renouvelable et/ou géothermique.

Les pays qui ont connu l’évolution la plus importante au niveau de la production d’électricité (évolution s’orientant vers les énergies renouvelables, hormis l’hydroélectricité) sont l’Uruguay, le Nicaragua, le Honduras, le Salvador et le Chili. La figure 4 montre qu’entre 2007 et 2017, la production d’électricité de l’Uruguay à partir de sources d’énergie renouvelables non conventionnelles, hormis l’hydroélectricité (énergies solaire, éolienne et thermique renouvelable), est passée de 1 % à 46 %. Au Venezuela, en parallèle du développement des capacités de production d’énergie thermique, on observe également une augmentation de la production d’électricité à partir de cette source, avec 30 532 GWh en 2007 et 51 800 GWh en 2017. Il est nécessaire de mentionner qu’entre 2007 et 2017, neuf pays ont réussi à réduire leur production d’énergie thermoélectrique ; ces pays sont indiqués sur le tableau 1.

 


Figure 4. Les cinq pays qui ont effectué la transition la plus importante vers une production d’électricité à partir de technologies renouvelables (hormis l’hydroélectricité) entre 2007 et 2017. Proportion renouvelable de la production électrique.
Source : Élaboration de l’auteur avec les données de l’OLADE (2019).

 

Pour terminer ce chapitre, il est à noter que pendant la décennie étudiée, six pays se sont différenciés en augmentant la part de leur population ayant accès à l’électricité. Ces pays sont le Nicaragua (de 60,4 % à 94 %), la Bolivie (de 69,54 % à 90,7 %), le Honduras (de 57,05 % à 77,21 %), le Pérou (de 79,5 % à 96 %), le Guyana (de 78,06 % à 88,8 %) et le Guatemala (de 84,7 % à 92,2 %). Toutefois, en 2017, il existe toujours des situations préoccupantes comme en Haïti, au Honduras ou au Guyana, où le taux d’électrification atteint seulement 38,7 %, 77,2 % et 88,8 %. Il convient de signaler qu’en Haïti, 46,6 % de la population habite en zone rurale, ce qui pourrait expliquer le retard du pays en la matière (Messina et Contreras, 2019)

 

Tableau 1. Diminution de la production d’énergie thermoélectrique (2007-2017).
Source : élaboration de l’auteur avec les données de l’OLADE (2019).

 

Selon le rapport publié en 2019 par la CEPAL sur la durabilité énergétique en Amérique latine et aux Caraïbes, en 2016, 14 millions de personnes n’avaient toujours pas accès à l’électricité dans la région. Ce rapport prévoit par ailleurs que l’électrification universelle ne pourra être atteinte qu’en 2030 (Messina et Contreras, 2019). La figure 5 montre à l’aide d’une représentation graphique la relation entre le revenu par habitant des pays de la région et le niveau d’électrification : les pays avec les revenus les plus élevés bénéficient généralement de meilleurs taux d’accès à l’électricité. Cependant, il ne s’agit pas du seul facteur à prendre en compte, puisque dans certains cas les deux variables ne coïncident pas, à l’exemple de Cuba qui, malgré un faible revenu par habitant, bénéficie d’un taux d’accès à l’électricité élevé.

Étant donné que l’énergie est un élément transversal dans le contexte actuel, il est urgent de trouver de nouveaux moyens d’acheminement et des solutions systémiques en vue du développement durable des systèmes d’énergie électrique dans la région ALC.

 

Figure 5. Accès à l’énergie électrique en % versus PIB par habitant en dollars US en 2017. Source : Élaboration de l’auteur avec des chiffres des Nations Unies (2019) et de l’OLADE (2019).

 

5. Solutions systémiques

Pour comprendre le contexte de la décennie 2007-2017, on peut citer l’économiste Manfred Max-Neef qui, en 2010, explique que le monde fait face à une crise qui dépasse les simples aspects économique et financier. Il s’agit d’une crise de l’humanité, caractérisée par quatre éléments fondamentaux : le changement climatique déclenché par l’activité humaine (anthropogénique (Rockströmetal, 2009)), l’augmentation des prix des formes d’énergie conventionnelles, l’épuisement des ressources primaires fondamentales et une énorme bulle spéculative (Max-Neef,2010).Ceci dit, et étant donné que l’énergie est un élément transversal dans le contexte actuel, il est urgent de trouver de nouveaux moyens d’acheminement et des solutions systémiques en vue du développement durable des systèmes d’énergie électrique dans la région ALC. Une transition vers la durabilité aura lieu si la complexité des systèmes intégrés a la capacité de procéder à des mutations qui garantissent le bien-être de l’écosystème.

5.1. Communautés énergétiques

La chercheuse grecque Dimitra Koumparou partage l’idée de la crise de la civilisation moderne ; elle affirme que les effets causés par l’émission démesurée de gaz à effet de serre (GES) touchent durement tous les êtres vivants. De même, le changement climatique induit par la société néolibérale et les styles de vie allant de pair ont engendré énormément d’inégalité et d’injustice. Si la durabilité parvient à être au centre des politiques environnementales, par excellence, une restructuration sociale devrait se produire, dans les pays développés comme dans ceux en voie de développement. Afin de construire une société post-carbone, une réorganisation sociotechnique et socio-écologique est nécessaire. Par conséquent, une nouvelle configuration permettrait de mettre fin à la dépendance liée à l’exploitation de ressources énergétiques sales (Koumparou, 2018).

Si une révolution énergétique a lieu, de nouvelles formes de gouvernances, de nouvelles institutions ainsi qu’une nouvelle structure sociale et systémique seront alors nécessaires. C’est pourquoi cette nouvelle organisation devra utiliser des technologies décentralisées et faibles en émissions, et faire participer de nouveaux acteurs. C’est dans ce contexte que des communautés énergétiques émergent. Le cadre légal de l’Union européenne (UE) contient deux définitions pour les communautés énergétiques : les communautés d’énergie renouvelable (CER) et les communautés énergétiques citoyennes (CEC). Les CER sont des organisations de consommateurs finaux, principalement des consommateurs résidentiels, qui ont le droit de produire, stocker et vendre de l’énergie produite à partir de sources renouvelables. Cette production peut être consommée par la communauté même ou vendue sur un marché disponible. Quant aux CEC, elles ne se sont pas subordonnées à une production d’énergie renouvelable ni à la présence de clients domestiques. Elles ont une définition plus large, ce qui leur donne par conséquent un plus grand champ d’action (Parlement européen et Conseil de l’Union européenne, 2018, 2019).

Il convient de remarquer que la Directive 2018/2001 du Parlement européen propose de couvrir 32 % de la consommation finale brute d’énergie (des pays membres de l’UE) en 2030 par de l’énergie provenant de sources renouvelables. Dans ce contexte, les communautés d’énergie renouvelable jouent un rôle fondamental puisqu’elles sont l’un des instruments employés pour atteindre cet objectif. Dans l’article 22, la Directive suggère aux États membres de faciliter la création, la mise en place et l’insertion de ces entités au sein de leurs systèmes, en favorisant principalement les clients résidentiels et les petites entreprises qui utilisent des ressources énergétiques renouvelables. De même, la création de communautés transfrontalières au sein des pays participants est facilitée, ce qui donne lieu à une nouvelle forme d’intégration (Parlement européen et Conseil de l’Union européenne, 2018).

Le cas de la Grèce est particulier, car la loi 4512/2018 (Energy Communities and Other Provisions) introduit un cadre institutionnel pour le développement et l’action des communautés énergétiques dans le but de promouvoir l’économie sociale, solidaire et l’innovation, tout en permettant d’augmenter l’efficacité de la consommation finale au niveau local et régional, l’utilisation de ressources renouvelables dans la production d’énergie et les systèmes de coproduction de haute efficacité (Koumparou, 2018 ; Symeonides, 2018).

5.2. Intégration latino-américaine

Après avoir exploré la composition du mix énergétique électrique du continent et avoir revu la littérature scientifique, il est possible d’affirmer qu’il existe une diversité de ressources qui pourraient garantir la satisfaction des besoins énergétiques de manière durable. Cependant, on observe que chaque pays dirige ses efforts politiques et sociotechniques de manière isolée, sans coopération ni intégration.

De plus, il est urgent d’encourager l’innovation, le transfert de technologies, les expériences sociales, les efforts économiques et, évidemment, des accords politiques qui rendraient viable une transition vers des systèmes faibles en émissions, techniquement solides, résilients et socialement acceptés. L’intégration des systèmes d’électricité dans la région ALC garantirait la sécurité de l’approvisionnement, l’efficience économique et la qualité de l’environnement (Ochoa, Dyner et Franco, 2013).

La mise en place d’un espace institutionnalisé en vue de l’intégration énergétique sud-américaine a toujours été au programme, mais elle ne s’est pas concrétisée et, en conséquence, les pays ont pris des décisions unilatérales visant seulement le bien-être national (Carrizo et Velut, 2018). Il est possible que cette absence de mise en place d’un espace commun s’explique par l’instabilité politique et les préjugés culturels (Morales Udaeta et alii, 2015). Cependant, il faut absolument abandonner la vision de l’énergie comme élément de la souveraineté nationale pour son propre développement et, à la place, il est nécessaire de développer l’intégration comme une opportunité de partager à la fois les bénéfices techniques et économiques et le bien-être social. Pourtant, de manière générale, l’Amérique du Sud a laissé la gestion de l’énergie aux mains du libre marché, en croyant ainsi garantir efficacité, qualité et prix bas ; toutefois, les problèmes d’inégalité demeurent (Castro et Rosental, 2017).

Il convient de souligner qu’à la fin de l’année 2013, le Système d’interconnexion électrique des pays de l’Amérique centrale (SIEPAC), un couloir électrique reliant le Panama, le Costa Rica, le Honduras, le Nicaragua, le Salvador et le Guatemala, a commencé à opérer pleinement. Cette expérience montre qu’une telle connexion permet de faire face à des événements climatiques comme les sécheresses. Cependant, l’harmonisation du cadre juridique reste à effectuer (Kieffer et alii, 2016). Même si d’autres interconnexions opérationnelles s’organisent à travers le reste du continent, il reste encore des zones isolées (ministère de l’Énergie du gouvernement chilien, 2015).

Finalement, le développement de règlementations et d’orientations stratégiques communes aux pays qui intègrent des accords ou de nouvelles organisations, comme c’est le cas de l’UE, constitue un exemple qui vaut la peine d’être examiné. Ainsi, l’article 194 du Traité de fonctionnement de l’UE fixe une base légale pour le domaine de l’énergie dans les pays membres. Ensuite, à partir de ce traité, des indications, des règles financières et des réglementations sont développées pour le marché énergétique et pour la compilation des données et statistiques, entre autres, qui établissent une conduite de base pour une opération homogène et intégrée. Le cadre de l’UE se rapproche de celui d’une supranationalité dont les articulations de la relation générale viennent du corps institutionnel composé de toutes les nations impliquées (Castro et Rosental, 2017 ; Union européenne, 2020).

5.3. Le buen vivir

En Amérique latine, les peuples quechua et aymara ont proposé le buen vivir (le « bien vivre »), un style de vie qui a été repris aujourd’hui par les Constitutions de la Bolivie et de l’Équateur. Le Sumak Kawsay (en quechua) ou Suma Qamaña (en aymara) offre la possibilité de construire une forme de vie collective, communautaire et en harmonie avec la nature. Ainsi, en se basant sur le buen vivir, l’Équateur a reconnu de manière constitutionnelle la nature comme sujet de droit en 2008, et ce, dans une position biocentrique qui admet que l’environnement (tous les écosystèmes et êtres vivants) possède une valeur intrinsèque et ontologique, même quand il ne présente aucune utilité pour l’être humain. De la même manière, la Bolivie a octroyé une place constitutionnelle à la Pachamama en 2009 (Acosta, 2016).

Le buen vivir propose une vision du monde différant de la perception occidentale, puisque ses racines sont communautaires et non capitalistes. De même, il rompt avec les logiques anthropocentriques du capitalisme comme civilisation dominante, mais aussi avec divers mouvements socialistes existants ; à la place, il propose une perspective sociobiocentrique. Il ne faut pas oublier que les mouvements, aussi bien socialistes que capitalistes, se sont construits autour de l’idée du progrès et du développement de l’extractivisme (Acosta, 2016).

Le buen vivir compte cinq éléments principaux : sa vision du tout ou de la Pacha[3], la cohabitation dans la multipolarité, la recherche de l’équilibre, la complémentarité de la diversité et la décolonisation (Solón, 2019).À partir de son analyse du buen vivir, Acosta (2016) précise qu’il ne s’agit pas de produire toujours plus d’énergie dans le but de répondre à une demande en constante augmentation. Il n’est pas non plus suffisant de remplacer l’utilisation de combustibles fossiles par des énergies plus propres, mais il est impérieux de développer un changement culturel qui vise l’utilisation efficace de l’énergie.

Ainsi, d’autres schémas de production, de consommation, de distribution, de contrôle et de transmission devraient être mis en place. De fait, ces schémas ne devraient pas considérer cette ressource comme une simple marchandise, mais comme un droit. L’utilisation de combustibles fossiles nuisant à l’environnement correspond à une méthode de fonctionnement centralisée, ce qui a engendré de profondes inégalités à travers le monde. À la place, le recours à l’énergie solaire, bien répartie, propre et démocratique pourrait correspondre à la vision du buen vivir.

 

Conclusion

Au cours de la décennie 2007-2017, une diversification évidente mais insuffisante du mix énergétique électrique a eu lieu dans la région ALC. Dans l’ensemble, la région a augmenté de 40 844 MW sa capacité de production en énergies solaire, éolique, géothermique et thermique renouvelable, ce qui constitue une tendance nouvelle et positive. Cependant, la demande en électricité continue d’augmenter, ce qui signifie que la génération d’énergie à base de combustibles fossiles a également augmenté de 52 %. Ce phénomène est préoccupant si le but est d’effectuer une transition vers un système produisant une quantité moindre d’émissions.

Puisque cet article s’est intéressé à l’observation du phénomène se produisant dans la région ALC, concernant la transition vers un système électrique ayant recours à des sources d’énergie durables, il convient de souligner que, selon la définition de York et Bell (2019), il est tout de même discutable de définir pour toute la région le processus expérimenté entre 2007 et 2017 comme une transition énergétique. En effet, comme mentionné auparavant, malgré l’introduction de nouvelles technologies générant de l’énergie renouvelable, la production d’électricité à partir de combustibles fossiles a augmenté de 52 %. Toutefois, plus précisément, neuf pays ont réduit leur production thermoélectrique conventionnelle. Par conséquent, pour ces pays, on peut parler d’un réel processus de transition des systèmes d’énergie électrique. Ce sont le Salvador, l’Uruguay, l’Équateur, le Costa Rica, la Colombie, le Guatemala, le Nicaragua, le Honduras et la Barbade. Par ailleurs, il est nécessaire de préciser que parmi eux, seuls l’Uruguay et le Honduras ont aussi réduit la production hydroélectrique, ce qui veut dire qu’un virage a été pris en direction des nouvelles sources d’énergie renouvelables non conventionnelles, c’est-à-dire les énergies solaire, éolique, thermique renouvelable et géothermique. L’Équateur et le Guatemala se sont tournés vers l’hydroélectricité et, pour finir, le Costa Rica, la Colombie, le Nicaragua, la Barbade et le Salvador ont remplacé la production thermoélectrique par un mélange d’énergies hydroélectrique, solaire, éolique, thermique renouvelable et géothermique.

De plus, en analysant la composition des mix énergétiques des pays étudiés pendant la décennie considérée, il faut remarquer que l’Uruguay, le Honduras, le Guatemala, le Chili et le Brésil sont les pays qui ont le plus évolué vers une introduction de la technologie basée sur les sources renouvelables solaire ou éolique, sur l’énergie thermique non renouvelable et/ou sur la géothermie, ce qui a engendré une réduction des projets d’énergie thermique. Le cas le plus significatif est celui de l’Uruguay : son mix énergétique est passé de 7 % d’énergies renouvelables (hormis l’hydroélectricité) en 2007 à 48 % en 2017, ce qui représente une diminution de la production à partir de la thermoélectricité conventionnelle et de l’hydroélectricité ; le cas du Honduras est similaire. Il est indispensable de poursuivre dans cette direction, puisque comme le signalent différentes recherches, il est possible de continuer à augmenter l’utilisation de sources renouvelables, mais une politique encourageant le développement de réglementations favorables à ces technologies et à un changement culturel vers une gestion efficace des ressources est également requise.

La région a encore besoin de volumes plus importants d’électricité pour garantir la couverture totale de la population, car, en 2016, 14 millions de personnes n’avaient toujours pas accès à ce bien. Mais il est très important que ces volumes soient produits par des sources faibles en émission au vu du contexte mondial qui cherche à faire face au changement climatique d’origine anthropogénique. Les cas de Haïti et du Honduras sont préoccupants, avec un taux d’accès à l’électricité de seulement 38,7 % et 77,2 % et les niveaux de revenu par habitant les plus bas de la région, ce qui aggrave la problématique liée à l’électricité. À partir de ce qui a été vu précédemment, il convient d’indiquer que ce travail, en plus de mettre en évidence le processus que connaît le sous-continent en matière de transition technologique, prétend démontrer que la période de changements dans cette région ne met pas uniquement en jeu des aspects techniques, mais aussi une complexe composante sociale, qui se manifeste par la pauvreté énergétique, une thématique qui sera étudiée de manière plus complète dans de prochaines publications. Comme l’explique Koumparou (2018), la transition énergétique aura lieu si les sociétés jouent un rôle actif.

Finalement, il convient d’insister sur le fait que cet article n’achève pas l’étude du phénomène qui s’est produit dans la région ALC entre 2007 et 2017 du point de vue des sources énergétiques, mais il propose, à partir du diagnostic effectué, trois solutions pour le développement des systèmes d’électricité. L’essentiel de cette partie est de souligner que les trois propositions ont des origines différentes, aussi bien d’un point de vue scientifique, que tout simplement géographique et historique. Toutefois, elles ne s’excluent pas et ne sont pas non plus figées, ce qui veut dire qu’elles peuvent être modifiées en permanence et qu’elles ouvrent également la porte à de futures recherches sur le sujet. Ce mélange entre analyse du processus de mutation de la région (qui a orienté les recherches effectuées) et propositions inter-, trans- et multi-disciplinaires vise à constituer le principal apport de cette publication.

Comme cela a été dit, les communautés énergétiques sont d’abord apparues en Europe, dans un environnement où les villes intelligentes sont une réalité, étant donné l’accès aux infrastructures et à la technologie adéquates, mais leur application est tout à fait valable pour l’Amérique latine et les Caraïbes puisque l’élément central de cette solution repose sur le regroupement et la collectivité des agents consommateurs pour gérer et produire l’énergie électrique. Le développement de cette solution peut rendre les systèmes de la région plus efficaces et durables. Ensuite, une autre proposition envisagée est l’intégration des réseaux électriques de la région dans un contexte qui permettrait les échanges énergétiques entre nations grâce à un cadre juridique compatible et des politiques énergétiques régionales alignées. L’interconnexion de l’Amérique centrale se détache ; cependant, pour reproduire un tel projet dans d’autres sous-régions, une plus grande attention quant aux aspects culturels, environnementaux et sociaux est nécessaire afin de préserver le patrimoine. Finalement, le buen vivir représente bien plus qu’une simple solution permettant de changer les systèmes électriques actuels ; cette approche constitue une forme d’épanouissement des sociétés qui vient des peuples autochtones de la région andine et qui, sous de multiples noms, a réussi à traverser le temps. Aujourd’hui, le buen vivir est une solution qui encourage un changement de paradigme en obligeant à sortir de l’anthropocentrisme pour s’orienter vers une perspective socio-biocentrée. En effet, cette perspective peut s’ajouter au développement des communautés énergétiques, aux éléments qui structurent les systèmes électriques respectueux de l’environnement, aux divers espaces et aux normes sociales.

 

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